Les précédents films d'Akerman nous habituaient à une lenteur séductive. Ici non, les plans sont moins lents et, sans rompre avec ses habitudes, elle filme les fragments, les moments éphémères de différentes personnes dans cette nuit torride. Qui sont-ils ? Pourquoi font-ils cela ? Où vont-ils ? On ne sait pas. On sait seulement que c'est l'été, la nuit et qu'il fait chaud.
Une femme attend l'amour.
Deux inconnus dansent dans un bar après le coup de foudre.
Deux enfants sortent en douce par l'arrière de la maison.
Un homme dit au revoir à son amant.
Un vieux couple sort pour aller danser en ville.
Tout est rapide, comme le désir amoureux, le désir naissant. Tout passe sous nos yeux et on reste fasciné par ce fantasme de la vie nocturne.
Des sons sortent de l'obscurité. Des claquements de porte, un taxi qui démarre, un chat qui miaule ou encore des chansons d'amour sortant d'un juke-box.
Mais on entend surtout des mots, lancés dans une rapidité décisive :
“Tu es là, enfin !”
“ Je l'aime, Je l'aime tant !”
“ Non, pas ce soir.”
“ Tu me manques.”
L’œuvre montre l'universalité mais aussi la différence et l'opposition. Même lieu, même nuit. Certains perdent l'amour, d'autres le trouvent. Certains partent, d'autres arrivent. Certains se réveillent, d'autres s'endorment. Certains sont heureux, d'autres non.
Le matin arrive, le soleil se lève, et rien n'a changé. Oui, car la nuit c'est identique à la vie.
Un film qui peut rendre triste ou inversement, donner la joie de vivre, donner envie de sortir le soir, pour toute une nuit peut-être.