Tower of the Sun
Tower of the Sun

Documentaire de Kosai Sekine (2018)

A l'occasion de l'Exposition universelle d'Osaka en 1970, alors que les Etats-Unis et l'URSS s'affrontent dans une joute génitale sans merci à coups de lasers, de fusées et de roches lunaires dans leur pavillon respectif, l'artiste japonais Taro Okamoto, lui, accouche d'un totem au visage renfrogné de soixante-dix mètres de haut en forme d'oie qui bat des ailes.


Le plasticien trouvait apparemment le thème "Progrès et harmonie pour l'humanité" un peu trop planplan et en a profité pour vomir le positivisme des autres exposants. Le bâtiment englobant la sculpture contenait une galerie de photos d'individus anonymes à travers le monde et un "mur des contradictions" traitant de sujets comme la guerre et la bombe atomique. Dans la tour elle-même, un arbre du vivant vertical allant des amibes à l'Homme en passant par toute une série d'animaux kitschs en pâte à carton.


Le documentaire se concentre au départ sur le contexte de l'exposition, la construction de la Tour et le parcours d'Okamoto, puis part dans tous les sens à mesure que les invités (professeur, artiste, danseuse, moine bouddhiste, designer, etc.) nous offrent leur interprétation personnelle de l'œuvre.


Malheureusement, tous les thèmes abordés n'ont pas le temps d'être développés et leur évocation reste trop souvent superficielle. Les séquences que j'ai trouvées les plus intéressantes sont celles sur la partialité du travail mémoriel du Japon et sur son identité flottante, sur sa relation au nucléaire, sur ses racines archaïques (en particulier la culture Jomon) et sur la dépolitisation des jeunes et leur hédonisme (c'est un papi qui parle à ce moment-là, je ne sais pas dans quelle mesure il fabule). On nous présente aussi brièvement le mouvement architectural métaboliste dont l'un des exemples les plus célèbres, le Nakagin Capsule Tower de Tokyo, vient d'être démoli...


Pour ce qui est de la forme du documentaire, elle ne révolutionne rien puisqu'il s'agit d'une série d'entretiens assis dans des ateliers entrecoupées de documents d'archive et de passages plus oniriques franchement dispensables. Le tout est efficace surtout grâce à la diversité des intervenants et des réflexions.


A l'issue du film, une question reste encore ouverte : par quel miracle une assemblée de bureaucrates a pu ratifier les plans de ce kaiju-quille qui fait peur aux enfants en visite scolaire (de l'aveu d'une conservatrice) ? En tout cas le pavillon du Japon pour l'Exposition universelle de 2025 (encore à Osaka !?) se fond beaucoup plus dans la masse et je ne ressens pas l'envie irrépressible de dégoter un modèle réduit pour ma chambre...

UnRagondin
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le 11 déc. 2024

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