Une chronique cynique et cruelle du rêve américain

Nikki (Ashton Kutcher) est le prototype du beau mec cool, sûr de lui et de son impact sur les femmes, qui passe sa vie dans les soirées branchées de Los Angeles, où le fait entrer son copain-aux-coups-foireux-de- toujours, Harry.


Nikki multiplie les conquêtes, ses préférences allant naturellement vers les jeunes et jolies femmes, mais il ne dédaigne pas de temps en temps de partir avec une femme plus âgée et de jouer le rôle de « gigolo » qui est en fait son gagne-pain. C’est ce qui se passe un soir avec Samantha (Anne Heche), une avocate riche qui vit dans une superbe maison sur les hauteurs de Hollywood. Pendant qu’elle est à New York pour affaires, Nikki, resté chez elle, prend du bon temps et invite ses copains et copines pour faire la fête. Mais Samantha, qui n’est pas tombée de la dernière pluie, rentre plus tôt de New York et le surprend alors qu’il est en train de s’envoyer en l’air avec une fille. Pour cette première fois, Samantha passe l’éponge car elle sait qu’elle ne retrouvera pas facilement un amant aussi jeune et fougueux, qui sait la faire jouir, mais qui est aussi, malgré son immaturité, gentil et affectueux.
Leur vie de couple continue un certain temps cahin-caha et on voit que Samantha commence à y croire jusqu’à ce que Nikki rencontre Heather (Margarita Levieva) - vue récemment dans La défense Lincoln, simple serveuse, à laquelle il ne peut s’empêcher de faire son numéro de "tombeur". Comme elle refuse ses avances, son orgueil de mâle en prend un coup et il s’accroche. Mais il finit par tomber sincèrement amoureux d'Heather et c'est réciproque. Hélas, Heather est bâtie sur le même modèle que lui : elle cherche à « se caser » auprès d’un homme riche et généreux. Nikki commence à croire à leur histoire d'amour mais Heather, constatant que Nikki ne pourra jamais lui apporter la sécurité dont elle rêve, choisit de le quitter pour partir à New-York épouser son riche mari.


Mon opinion sur ce film


Je n’aurais certainement jamais regardé ce film si le réalisateur n’en avait pas été David Mackenzie (le réalisateur du génial : My name is Hallam Foe. Le sujet du gigolo qui s’en prend plein la gueule (ou, à l’inverse, de la semi-prostituée qui tombe amoureuse de l’homme qu’elle comptait « plumer ») a été traité maintes fois au cinéma avec plus ou moins de succès (American gigolo, Pretty woman, etc.). Mais, dans Toy boy, outre la parfaite aisance d’Ashton Kutcher dans ce rôle moins facile qu’il y paraît, on apprécie particulièrement que ce qui démarre comme une simple comédie légère, prenne, dans la seconde partie, une densité de fable cruelle et cynique.


Comme l’a justement relevé Stéphanie Belpêche dans le "Journal du Dimanche", « derrière l’apparente légèreté de cette chronique (le film représente) une critique du rêve hollywoodien qui n’apporte que des désillusions à ceux qui luttent au quotidien contre la précarité. » C’est ce que l’on constate en particulier dans une image du film particulièrement cruelle où Nikki, renié par sa riche maîtresse, se retrouve à la rue après avoir été littéralement jeté dehors avec ses misérables biens. Même son ami de toujours, Harry, en a marre de lui et n'accepte plus de l'héberger, même pour une nuit. On voit alors Nikki qui tente de négocier pour quelques dollars chez un fripier les fringues hors de prix qui sont un cadeau de Samantha. Il croise alors le regard incrédule d’un SDF qui se retourne sur le passage de ce beau jeune homme représentant pour lui tout ce qu'il n'atteindra jamais.


Je ne terminerai pas ce post sans parler de la bande son qui accompagne le film, particulièrement sympa et en adéquation avec le film.

Créée

le 11 avr. 2017

Critique lue 904 fois

Roland Comte

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