Je ne suis pas un jouet de fillette, d'accord!?

Après "Toy Story 2", qui multipliait les prouesses par deux, le troisième volet qui semble clore un long chapitre fonctionne moins sur la surenchère que sur l'affection, en ouvrant un nouvel horizon nourri de noirceur et d'espoir. L'idée géniale consiste à faire évoluer les jouets en même temps que le spectateur en donnant à réfléchir sur leur pérennité et en offrant la possibilité à Woody, Buzz et leurs amis de recycler leur fonction ludique dans une garderie. Cette nouvelle terre d'accueil au départ présentée comme un paradis pour joujoux retraités se transforme en enfer à la fois par l'indocilité d'enfants monstrueux et par les conflits claniques. Le divertissement devient un "film de prison" presque classique avec ses codes (le climat hostile, la révolte, le complot, l'évasion) et ses notions. Dans cette guerre extrêmement lucide, régie par un ourson odeur fraise, il n'y a ni bons ni méchants, juste des jouets brisés au propre comme au figuré qui imitent les mafieux et ne pourront s'en sortir que s'ils oublient leurs fêlures en restant collectif.

En changeant de décor, les aventures restent toujours aussi spectaculaires, angoissantes et mouvementées que dans les autres volets tout en jouant avec ironie et un soupçon d'insolence sur les éléments les plus attendus comme la rencontre entre Barbie et Ken, ainsi que le "défilé haute couture" de ce dernier. Si l'on aime le cinéma, il n'y a aucune raison de s'en plaindre.