Waste Side Story
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Il y a neuf ans déjà, Toy story 3 nous avait laissé en larmes lors d’une scène finale pleine d’émotions où Andy, en partance pour l’université, léguait ses jouets à la jeune Bonnie en lui promettant de bien s’en occuper. Les joujoux, sur le perron, regardait Andy partir en voiture dans la rue baignée de soleil, et nous on pleurait comme des madeleines derrière nos encombrantes lunettes 3D. Aujourd’hui donc, la bande à Woody vit tranquillement dans la chambre de Bonnie jusqu’à l’arrivée de Fourchette, jouet qui n’en est pas vraiment un (plutôt l’assemblage hasardeux d’une fourchette en plastique, d’un bâtonnet de glace et de deux yeux dissemblables), se considère d’abord comme un déchet et entraînera toute la clique dans de trépidantes aventures, en quête de leur véritable condition.
Car on s’interroge, chez les jouets. On doute, on se remet en question, on est en émoi. Être ou ne pas être un jouet ? Appartenir ou ne pas appartenir à un enfant ? Préférer la chambre douillette ou arpenter le vaste monde ? Après l’éclatante réussite de Toy story 3 et sa magnifique conclusion, il semblait quasi inutile de proposer une suite, du moins offrir un épisode partant sur de nouvelles bases, ou alors il fallait pouvoir être à la hauteur, avoir de l’ambition, tenter l’audace. Rien de tout ça dans ce quatrième opus qui, malheureusement, s’avère aussi décevant qu’il est ultra convenu malgré les sujets abordés. Si la joie de revoir nos amis est toujours là, intacte et précieuse, il faut bien avouer que le scénario, lui, n’emballe pas autant que l’indéfectible euphorie des retrouvailles.
L’histoire se concentre trop sur Woody en laissant de côté la plupart des autres personnages (même Fourchette, pourtant élément déclencheur de l’intrigue), relégués à de simples faire-valoir (Buzz, Jessie, Rex) ou, au minimum, à l’arrière-plan avec une ou deux répliques (M. Patate, Zigzag, Bayonne…) pour contenter les fans. Les sempiternelles péripéties autour du combo sauvetage/récupération/débrouille/évasion/poursuite ne surprennent plus et s’enchaînent mécaniquement sur un rythme décousu, pas déplaisantes au demeurant, mais vides de substance, de ce qui faisait avant le charme et l’originalité d’un univers que l’on découvrait alors avec émerveillement.
Cette fois tout paraît artificiel, laborieux, et si quelques nouveaux personnages provoquent l’hilarité (lapin et poussin, Duke Caboom, les marionnettes ventriloques…), le manque d’imagination est criant (et les velléités marketing criardes). Et ce n’est pas cette touche de féminisme dans l’air du temps (la bergère ne se contente plus de garder les moutons, elle est devenue une sorte de Lara Croft croisée à la Furiosa de Mad Max - Fury road) qui va altérer ce sentiment de redite et d’imperceptible ennui. Même les scènes d’émotion font forcées, donnant la désagréable impression de vouloir surtout réitérer le coup parfait qu’a été le final de Toy story 3, décidément incontournable, quand celui de Toy story 4 n’occasionne qu’un lointain, qu’un si vague tremblement de paupières.
Créée
le 26 juin 2019
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