Traffic, ou les histoires croisées de combattants de la drogue. Plus qu'un simple film d'action où les gentils essaient de coincer les méchants, Soderbergh nous montre ici le combat sans fin contre la drogue. A peine un cartel démantelé, un autre est déjà en place. On touche aussi les limites de la justice, avec des truands dont on connait les activités, mais contre qui aucune preuve valable devant un tribunal ne peut être fournie. C'est toute la complexité de cette bataille qui est mise en avant, et bien expliquée par Eduardo Ruiz, le personnage campé par l'ami Miguel Ferrer, lorsqu'il explique la futilité d'une telle lutte.
La trame est bien ficelée. les histoires se croisent et trouvent des points communs, et Soderbergh parvient à éviter le cliché de faire rencontrer tous les personnages sur la fin, comme c'est trop souvent le cas. Chacun reste à sa place, certains ne se rencontreront jamais, et ça renforce le réalisme. Le réalisateur profite aussi de ces multiples histoires pour montrer que la drogue frappe à tous les niveaux, des grands cartels mexicains aux dealers dans le Nord des USA, expliquant ainsi que le problème est partout.
Le code couleur utilisé par Steven Soderbergh, filtre jaune au Mexique ou à la frontière, filtre bleu dans l'Ohio, sans filtre pour le reste, peut paraître grossier au tout début, mais on s'y fait très vite et il renforce les atmosphères respectives, avec d'un côté cette chaleur pesante au Mexique qui nous fait suffoquer, et de l'autre la froideur de la ville qui met en évidence l'isolement provoqué par la drogue.
Le casting est 4 étoiles, et contrairement à beaucoup de films dans ce cas (oui Cartel, Ocean's 11/12/13 je vous regarde), Soderbergh fait fonctionner le tout en évitant de donner des quotas de minutes précis à chacun. Les acteurs sont impeccables, avec une mention spéciale pour un Benicio del Toro époustouflant.