C'est Detention sans le côté what the fuck. Une galerie de personnages unanimement détestables qui se lancent dans un concours d'immoralité au cynisme débridé, et qu'on veut nous vendre comme du fun décomplexé. Mais quand on veut coller la tête des héroïnes contre un coin de table avant d'envoyer un bon coup de batte de baseball pendant 1h30, C'est qu'il y a un problème dans la formule. Quand on veut exterminer les 3/4 du casting et qu'il y en a toujours qui ne se prennent rien (équarrissage totalement déséquilibré, les personnages moraux sont soit méprisés, soit éliminés), ça finit sérieusement par frustrer le peu d'amusement qu'il pourrait y avoir dans ce concours de qui a le plus gros bodycount. Cet espèce de slasher à la scream où on suivrait les meurtriers depuis le départ finit par ressembler à une énorme blague qui fait flop, en croyant dénoncer une génération basée sur le buzz des réseaux sociaux alors qu'elle ne fait qu'utiliser ses codes (on dirait que le film est conçu pour plaire à ce public justement). La corrélation entre psychopathie et envie maladive de faire le buzz a beau atteindre des sommets, elle n'ira jamais au delà de cette simple idée, mais pourtant, on se tape constamment les textos qui apparaissent sur l'écran, les émoticônes qui viennent alourdir le visuel, les Hashtag... C'est de l'exploitation qui croit dénoncer son sujet sans jamais faire l'effort de vouloir satisfaire le spectateur recherchant plus que du cynisme ou de la violence graphique. De ce point de vue, le film étale la marchandise, mais il a si peu de choses sérieuses à dire (constant recours au cynisme dès que nos deux protagonistes apparaissent) et gère si médiocrement sa surenchère qu'au final, on est pris d'un gros doute. On va au delà de la dénonciation, c'est carrément l'instauration de codes immoraux et la consécration des protagonistes, en sortant totalement de la réalité. D'où mes doutes : où sont les enjeux de ce film ? Être la plus grosse biatch trashouille et être célébrée pour cela ? Les personnages agaçants ont le mérite de mourir dans les films de divertissement. Or, ici, c'est totalement l'inverse qui arrive, et nous devrions accepter cela sous l'étiquette d'une dénonciation (que je remet largement en cause) de l'utilisation des réseaux sociaux ? Mais le phénomène Kick Ass a déjà exploité bien plus brillamment et intelligemment ce sujet (encore davantage dans le second). Donc non, Tragedy girls ne passe pas, et un divertissement frustrant n'est pas un divertissement, aussi bien emballé soit-il (excellente facture technique et jeu d'acteur sans reproche, vu qu'ils servent tous un script dépourvu d'intérêt, dommage au vu de l'idée initiale qui aurait pu apporter un petit renouveau, sauf que même pas). Autant revoir Nightcall ou Live! , qui eux aussi exploitaient autant qu'ils dénonçaient, mais avec efficacité et un sens de l'ampleur (ou du détail) autrement plus satisfaisant.