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Auteur de formes ré-créatives, avant-gardiste hors-paire l'autrichien Peter Tscherkassky signe en 2021 l'un des films XP les plus grisants et les plus inspirants de la nouvelle décennie qui commence : Train Again, objet plastique intégralement constitué d'images préexistantes prenant la forme d'un kaléidoscope au potentiel hypnotique inespéré.
Vingt minutes de found footage qui convoque tout un imaginaire remontant au prodromes du cinématographe jusqu'aux images d'aujourd'hui : La sortie des usines Lumière, le congrès des photographes mais également le gros plan emblématique en forme de regard-caméra de L'attaque du Grand Rapide de Edwin S. Porter... autant de vues-incunables dépoussiérées par Tscherkassky et confrontées aux expérimentations visuelles du réalisateur : flickers, représentations en abyme des moyens d'une projection filmique et de ses limites ( fixité, support pelliculaire volontairement décentralisé, voilages et autres surimpressions bichromes, effets de pompage propre à une source lumineuse insituable, etc...), superpositions en tous genres permettant diverses analogies thématiques et/ou ludiques ( une chevauchée fantastique montée en attractions avec le passage violent et sidérant d'un monstre ferroviaire, le petit Danny Lloyd du Shining kubrickien empruntant le labyrinthe de l'Overlook Hotel sur son célèbre tricycle au diapason des rails d'un interminable train fantôme...).
Peter Tscherkassky réinvente les images-clefs de l'Histoire du Septième Art en les transposant dans l'univers originel du cinéma-tographe : les trains, encore et toujours, motif filmique par excellence déjà prégnant et incontournable depuis sa fameuse arrivée en gare de La Ciotat en l'an révolu de 1895 - date définitivement immortalisée par les frères Lumière. A la manière d'un élément récurrent le train selon Tscherkassky habite les vingt minutes d'un court métrage au gré d'occurrences formellement fascinantes : machines incontrôlables, tunnels aux ombres dévorantes, fumées obsédantes, voies ferrées s'emballant les unes à travers les autres en la forme d'une délicieuse cacophonie visuelle. Réalisé sous le signe du chevauchement et de l’imbrication Train Again est un sommet de re-constitution filmique, aux effets de montage logiquement hérités du cinéma de Dziga Vertov. Une véritable pépite à voir impérativement !
Créée
le 3 mars 2022
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