Après un premier visionnage agréable mais sans plus, j'avais laissé un 7/10 incertain me disant qu'il y avait le truc, mais qu'il manquait un truc.

Au final au second visionnage j'ai mieux compris le film, ses subtilités comme ses défauts, je décide donc de le valider en tant que film qui possède "le truc" dans le barème.

Training Day est un film charismatique qui a une belle gueule, sa mise en scène est soignée, compréhensible et fluide dans ses scènes de tension et d'action, aussi réussite sur les simples séquences de discussions qui sont prenantes grâce à des dialogues qui se marient, s'engueulent et se réconcilient (ou presque).

L'étalonnage est aussi de bonne facture, dans une teinte majoritairement orangeâtre pour créer une ambiance semi-caniculaire, ce qui donne une atmosphère qui a du charme et qui habille ce décor urbain gangsta/fusillage/drogue.

L'un des atouts majeurs du film est le personne de Mr Washington qui crée un vrai gangster/flic captivant et autoritaire, sorte de mentor déstabilisant rentre dedans, qui connaît très bien le milieu de la rue, de la drogue et du sang, peut être même trop bien justement.
C'est un personnage cohérent sur des aspects parfois malheureusement délaissé, par exemple son style vestimentaire qui à la fois est là pour montrer que c'est un flic qui tel un chasseur dans la jungle, se fond dans le paysage pour mieux traquer et tuer sa proie, mais aussi dans une seconde lecture, montre qu'il est carrément trop fondu dans le paysage jusqu'à en être devenu le mal qu'il essayait auparavant, d'endigué.

Comme protagoniste nous avons Jake joué par Ethan Hawke, jeune policier cherchant a protéger la veuf et l'orphelin contre le mal, à la fois attachant par sa naïveté et sa sincérité, mais surtout par son sens de la justice droit et inébranlable.

La cœur du film est cette relation entre ce flic endurci et le jeune poulain, car nous avons pour thématique l'apprentissage qui est manié avec un certain bon sens du rythme puisque la philosophie du personnage de Denzel Washington pour former un agent, est l'intimidation, la déstabilisation et la réconciliation, ce qui apporte des scènes denses et intenses où Jake est à chaque moment chamboulé, mal mené pour que l'expérience qu'il assimile, soit sévère mais pertinente pour survire.

Le jeu d'acteur est plus que convainquant, avec une bonne harmonie dans les tons grâce aux dialogues bien écrits qui montent et descendent dans les octaves.
C'est bien la une chose que j'adore dans un film, quand les dialogues sont comme une symphonie qui sait comment faire monter la sauce jusqu'à bouquet final.

Le seul souci proéminent du film est son coup de joker dans la scène où Jake est sur le point d'être exécuté dans une salle de bain par trois malfrats.
En terme d'écriture je trouve que cette carte du karma est trop facile même si elle reste un minimum ingénieuse.
(En gros Jake vers le début, sauve une jeune femme qui était sur le point d'être violé par deux déglinguos dans une ruelle poisseuse, choqué et remonté la jeune femme quittant les lieux, oublia son porte-monnaie, mais heureusement Jake le ramassa pour le mettre dans sa poche).
ET DEVINER QUOI
Cette jeune femme est la cousine du chef des trois gangsters, donc déjà gros coup de bol quand même.
En plus l'un des gangsters avant que l'un d'entre eux appuie sur la gâchette pour fumer Jake, le stoppe pour fouiller son ben pour éventuellement récupérer de l'argent.
- "OH PUTAIN MEC TU LE CROIRAS JAMAIS MAIS Y'A LE PORTE MONNAIE DE TA COUZ DANS SON FROC".
- "MAIS NAN". (Après ça symbolise le karma donc c'est cool).

Pour conclure sur cette scène, le monde est quand même bien petit (mais encore ça c'est pas si faux dans la vraie vie donc passons) et Jake a un ange (le scénariste) sur ses épaules.
Je trouve donc que c'est à la fois facile mais néanmoins pas si aberrant que ça comme ficelle scénaristique.

La musique sans pour autant être brillante et mémorable, sait faire corps avec les scènes.
Majoritairement des percussions pour créer la nervosité qu'il faut, sinon des notes lancinantes pour accompagner le spectateur dans la réflexion quand Jake est en plein dedans.

J'ai bien aimé la scène ou l'enfant est au cœur de la fusillade dans l'appartement qui oppose Denzel face à Ethan, car l'enfant ne sait même pas où se tourner pour se mettre en sécurité parmi ce chaos.
Situation en soit vu et revu, mais qui ici a du sens car nous avons d'un côté le personnage de Denzel qui est le vrai père de l'enfant, mais qui visiblement ne s'en occupe absolument pas, même si l'affection est un minimum mais maladroitement présente le souffle d'un instant dans une scène ultérieure.
De l'autre il y a Jake qui au cours de cette longue journée, a pendant son passage dans cet appartement, pris le temps de s'occuper de cet enfant isolé avec bienveillant et tendresse, ce qui selon ce que nous montre le film, a bien plus compté que tout le temps qu'a passé l'enfant avec ce père impassible.
Ça reste léger mais développement mais je trouve que dans l'ensemble, ça reste touchant.

Pour finir je veux aborder la finalité des choses:
Jake arrive à mettre à terre Alonzo dans un duel final intensif et crevant, le laissant pour mort dans ce quartier ou Alonzo n'a aucun allié, mais surtout que des ennemis.
C'est finalement l'histoire d'un bon gars qui a mal tourné, et d'un autre bon flic qui a su rester bon et droit.
L'idée est complexe car Alonzo dans sa corruption a la base a essayé de se fondre dans le décor pour mieux faire son job, mais ce qui la amené de plus en plus a devenir lui-même une racaille, ce qui montre que même en voulant faire le bien, si cette bonté est mal maniée, elle peut se transformer en arme du mal, et qu'il y a donc une meilleure manière d'agir (Jake en est la démonstration).
Alonzo c'est trop détaché des valeurs qui autre fois lui tenait à cœur, ce qui est simplement dit par lui-même a Jake, lui disant qu'il était comme ça avant.

C'est un film esthétiquement et techniquement propre, intellectuellement pas si simpliste qu'il est dit, à la fois divertissant et un minium développé dans ses idées, pour marquer et donc AVOIR LE TRUC.

Elioto
8
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le 27 janv. 2023

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Elioto

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