J’ai toujours vraiment apprécié la façon qu’a les Frères Larrieu de se réinventer à chacun de leur film et de les retrouver là où personne ne les attend.Tralala, vagabond baladin lunaire, croise donc une jeune femme à Paris. Sa grâce et son magnétisme le touchent tant et si bien qu’il cherche à la retrouver. Il débarque à Lourdes et cette péripétie va lui faire endosser la peau d’un autre, Patrick Rivière.Voilà pour la mise en bouche et toute aussi singulière que les propositions antérieures des Larrieu. L’autre aspect singulier du film, c’est de vouloir explorer la veine de la comédie musicale avec des textes accompagnés de musique ou a cappella.Et les réalisateurs ont su s’accompagner des meilleurs pour poser des mélodies. Parmi eux, Jeanne Cherhal, Bertrand Belin, Étienne Daho ou encore Dominique A. La virtuosité de ces grands auteurs/compositeurs faisant écho à la façon des deux réalisateurs d’être présents à l’écriture du scénario et au cadre. Quand des pluridisciplinaires en rencontrent des autres, le résultat final ne peut être qu’abouti et la chance de l’improvisation n’existe pas. Vous êtes conquis par l’éventail des styles musicaux utilisés allant du hip-hop au disco en passant par le blues.Au niveau du casting, une distribution alliant la fine fleur du cinéma d’auteur ( Mathieu Amalric et Denis L’avant en tête) avec des actrices inattendues mais idéalement « caméléons » dans l’univers des frères Larrieu comme Josiane Balasko, Maiwenn ou Mélanie Thierry. Sans mentir et dans une ascendance dramatique incontestable, Tralala est dans la veine des films de Jacques Demy mais dans un style beaucoup plus contemporain. J’ai beaucoup apprécié l’audace de mettre des gens masqués à l’écran ( alors que c’est parfois censuré dans certains films ou séries actuelles ) et d’intégrer l’accessoire sanitaire à des chorégraphies plutôt gaies ou enjouées. Une volonté de montrer pour les Frères Larrieu que le masque n’est pas un obstacle pour faire des films et que la vie continue.Et cette posture est évidemment tellement réaliste et bienvenue. Par rapport à la thématique de l’identité et de l’autre soi-même, les Frères Larrieu oscillent très justement entre l’injonction « Surtout ne soyez pas vous-même »( que Virginie lance à Tralala lors de leur première rencontre parisienne) et la crainte de l’imposture.Entre la liberté sans entraves et la morale, Tralala navigue car les situations qu’il traverse sont autant de sources de confort et d’inconfort car sa proximité avec Patrick Rivière est tout le sujet du film.Bref, si vous aimez être embarqué dans un film sans codes bien définis, où vous pouvez admirer des plans remarquables ( par exemple, tout le travail formidable entre sacré et prophane sur la couleur bleue liée aux vêtements ou aux objets du magasin du souvenir) et où les écritures scénaristiques et musicales sont au diapason et sur ce souci d’innover sur le fond comme sur la forme,Tralala pourrait bien vous plaire.Alors, ne boudez donc pas votre bon plaisir.

Specliseur
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Cinéma 2022

Créée

le 20 janv. 2022

Critique lue 99 fois

1 j'aime

3 commentaires

Specliseur

Écrit par

Critique lue 99 fois

1
3

D'autres avis sur Tralala

Tralala
Cinephile-doux
7

C'est du Lourdes !

Qu'est-ce qu'on attend d'une comédie musicale ? Plutôt qu'une histoire porteuse de sens, de la fantaisie et une certaine légèreté, sinon ce serait un drame musical, non ? En tous cas, les frères...

le 17 juil. 2021

12 j'aime

2

Tralala
Nuwanda_dps
8

Tralala dans l'air

La scène d’ouverture donne le ton magique car enivrant de "Tralala" : la poussière d’un squat miteux près à être démoli qui devient poussière d’étoiles et source d’inspiration pour une prochaine...

le 13 sept. 2021

11 j'aime

1

Tralala
Raffut
3

Un pied de nez du kitsch à la merde

Tralala se fredonne du bout des lèvres en cillant un peu les yeux face à la lumière. Tralala est une musique qui n’existe pas encore. Tralala est un peu toutes les musiques dès lors qu’on les a...

le 8 oct. 2021

10 j'aime

6

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

26 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime