Avant même d’en voir les premières images, Trance résonne déjà comme la promesse d’une expérience cinématographique survitaminée, d’autant plus lorsque l’on sait que Danny Boyle est aux commandes. Mais attention, rien à voir avec la trance hallucinogène (quoique) d’un Las Vegas Parano, ici la trance ressemble en tout point à la réalité. Pas d’excès de drogues au programme, mais simplement le décor feutré d’un cabinet médical qui propose de voyager dans l’esprit pour y tenter de trouver des clés. Simon, un commissaire-priseur expert en art, s’associe à Frank, un petit malfrat, pour voler un tableau valant plusieurs millions de dollars. Mais dans l’action, Simon prend un violent coup sur la tête. Il ne se souvient alors plus où se trouve le fameux tableau volé. Franck décide d’engager une spécialiste de l’hypnose pour tenter de retrouver la réponse dans l’esprit de Simon.
Pour son dixième film, le réalisateur anglais du culte Trainspotting, revient sur sa terre natale avec une histoire de tableau volé, qui sonne comme un classique d’enquête policière. Mais Danny Boyle n’a pas pour habitude de donner dans la sobriété. Ce qui commence comme une histoire de petits gangsters dérive vite vers un jeu des apparences pervers où l’on ne sait plus très bien qui manipule qui. Le cinéaste ne laisse pas une seconde de répit au spectateur et l’entraîne directement dans le feu de l’action au son des basses tonitruantes. Basées sur le rythme cardiaque, elles sont d’une efficacité redoutable pour accélérer la tension. Ce rythme ne cessera d’ailleurs de s’intensifier au fur et à mesure que le puzzle se recompose.
Scénaristiquement, Trance ne suit aucun chemin pré-établi et met le cerveau à rude épreuve. Impossible de se reposer sur des acquis, chaque certitude étant sans cesse remise en question. Si cela se révèle véritablement réjouissant pendant les deux tiers du film, à trop vouloir surprendre, Danny Boyle finit par s’emmêler lui même dans son histoire, les relations entre les personnages ne cessant de changer. Cette volonté consciente de bousculer le spectateur finit par le desservir, laissant quelques zones d’ombre dans l’intrigue. Toujours dans cette même optique et comme à son habitude, il expose la chair crue et s’attarde sur quelques effusions de sang. Cette violence décomplexée, jubilatoire et libératrice rappelle parfois dans l’esprit celle de son comparse Tarantino, mais dans une moindre mesure.
Du côté du casting, James Mc Avoy s’impose et porte le film avec une belle énergie. Il s’affranchit de ses rôles de jeune amoureux éperdu pour rentrer dans l’esprit complexe de Simon. Face à lui, Vincent Cassel apparaît un peu plus en retrait dans le rôle d’un voleur de tableaux classieux, très proche de celui qu’il interprétait déjà dans Ocean’s twelve. Rosario Dawson s’impose quant à elle, au fur et à mesure, dans le rôle de cette hypnotiseuse charmeuse.
Danny Boyle semble avoir délaissé un peu le côté punk de l’époque Trainspotting pour signer avec Trance un thriller résolument pop, à l’énergie communicative, dont le seul défaut est de finir par s’enrouler sur lui même.