Ce que j'aime dans le polar, qu'il soit littéraire ou cinématographique, c'est tenter de résoudre le mystère mis en place, d'échafauder une théorie, de chercher un mobile à chaque protagoniste potentiellement suspect, partagé que je suis entre l'envie de tomber juste (ça flatte l'égo) et le désir d'être surpris. Autant dire qu'il ne faut pas m'emmener au cinéma, sous peine de m'entendre gueuler à tout bout de champ: "C'est lui qui a fait le coup ! Non, en fait, c'est elle ! Non, lui ! Oh et puis merde, je sais plus !".
Et c'est justement là que réside le problème d'un film comme "Trance", récit à tiroir pipant les dés avant même la situation de base posée, ne laissant aucune chance au spectateur de deviner qui à fait quoi puisque de toute façon, le scénariste aura prévu trois twists à l'avance histoire de nous faire la pige, avant de tout nous expliquer à la fin avec un sourire en coin et l'air de dire: "Bah quoi, vous aviez pas deviné ?". Le genre de film de petits malins qui me tape sur le système mais qui, étrangement, retient à chaque fois notre attention.
Cinéaste du mouvement, Danny Boyle parvient à apporter un véritable rythme à son film, joue plutôt efficacement avec la lumière et les décors, tentant comme il peut de fracasser la frontière entre fantasme et réalité mais se caricaturant lui-même au passage, ne pouvant s'empêcher une fois de plus de balancer une bande son ultra hype là où un score symphonique ou synthétique aurait été peut-être plus judicieux.
Récit gigogne finalement bien classique dans sa tendance à retourner la tête du spectateur juste pour la beauté de la chose, "Trance" cache tout de même derrière ses atours de film de braquage une histoire d'amour ambigüe et obsessionnelle qui aurait mérité d'être approfondit et n'est pas désagréable à suivre, grâce un casting sympathique et à quelques effusions gores dignes des premiers Cronenberg.