C’est rageant de se dire qu’on est parfois devin sur la qualité des films avant de les voir, mais devant une telle montagne d’idées intéressantes adaptées sans la moindre subtilité, on est tout simplement en pilotage automatique. Je défie le spectateur de citer un évènement surprenant ou inattendu en 1h50. A moins de ne pas avoir vu la bande annonce. Mais même dans ce cas, le spectateur ne verra que la performance à peine correcte de Johnny Depp. Tout le reste se tient bien cantonné dans le fond, ne faisant jamais le moindre effort d’implication au-delà de la figuration (je ne respecte plus Morgan Freeman depuis bien longtemps, ce film me montre combien j’ai raison). Dans ses thématiques, le film parle d’esprit humain libéré et amplifié par la machines, qui se met à élaborer des technologies ultra avancées montrant à la fois des bons côtés et des mauvais (comme toutes les technologies). Et là, on sent que le script veut insister sur le mauvais à des fins de suspense pour faire peur, mais jamais l’angoisse ne viendra un instant effleurer le spectateur. Tout juste entendra-t-il une accélération de la musique et quelques mouvements de caméra agressifs, mais le film n’ira jamais beaucoup plus loin. Enfin, il convient de parler comme il se doit des résistants présents dans ce film : les Unplug (que je préfère renommer Anonymous). Utilisant des méthodes de guérilla terroriste, militant contre les ordinateurs sophistiqués en usant des Asus dernier cri et prônant la limitation technologique à force d’assassinat parce que Skynet, ils sont aussi charismatiques que les écologistes arracheurs d’OGM qui te chient sur des années de travail scientifique parce que. Leur chef est une gothique mal maquillée tout à fait à l’image qu’on se fait des geeks de sexe féminin, et jamais on ne sera surpris de les percevoir comme des méchants puis en fait oh, ils ont pressenti le potentiel dangereux de l’affaire (mais bon, ils ont tort quand même). Tout ce gloubi boulga pour culminer dans une révélation finale qui avait de l’idée, mais qui se révèle tellement utopique qu’elle déclenche plus un rire forcé qu’autre chose. Je viens de mentionner les écolos anti OGM, le final vire pourtant sur une écologie technologique complètement irréalisable, mais mignonne. Pour prétendre faire de la SF, un minimum de cohérence ne ferait pas de mal. Parce que ça arrive de façon gratuite, comme si en fait, fallait montrer que les Anonymous ont tort (même si ils sont contre la création de zombies télécommandés), donc tant qu’à faire, Johnny Depp sauve le monde à défaut de le faire sauter. Réglage de tous les problèmes en 2 jours grâce aux nano-technologies. CQFD. Et les bouleversements des équilibres naturels suite à d’aussi radicaux changements ? Va te faire foutre, tu te prends trop la tête. Transcendance, ou l’art de faire simple en ayant l’air compliqué.
Voracinéphile
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le 13 juil. 2014

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