Un vrai film sur le transhumanisme…

À lire les critiques, Transcendance est mou et, pire, serait une ode au technologisme extrême.

Et pourtant, le film est bon. Très bon. Abordant de front un sujet très difficile, il va très très vite, survolant des myriades de problématiques. La conscience et l'intelligence ne sont pas, comme on pourrait le croire, le centre du film qui, très vite, dérive sur le concept de singularité et sur l'accélération du progrès qui va forcément générer une opposition violente.

À force de vouloir garder le rythme, le film soulève beaucoup de questions mais ne s'y arrêtent jamais vraiment. C'est dommage mais chaque quart d'heure du film mériterait presqu'un livre à part entière. Rien que les scènes ou Rebecca Hall marche au milieu de tous ces portraits de Johnny Depp sont une allusion à peine voilée à 1984 et à l'omnipotence d'un Google ou d'un Facebook. Mais, à peine est-on saisi par l'idée que la caméra nous emmène déjà ailleurs.

Autre reproche : la grande bêtise des "intelligents", y compris le mega Johnny Depp. À sa place, il aurait été tellement plus simple, plus facile de se cacher dans les méandres du réseaux, d'influencer subtilement et de manière invisible l'humanité plutôt que de créer un gigantesque data-center. Mais peut-être peut-on y voir une parabole de ces entreprises et savants qui sont tellement persuadés de faire le bien de l'humanité qu'ils ne comprennent même plus qu'on puisse s'opposer à eux.

À tout moment, le film semble manichéen mais, avec une grande subtilité, change régulièrement de côté, transformant les bons en mauvais et les mauvais en bons avant de finir sur une fin ouverte, l'excellente surprise du film.

Ceux qui y ont vu un ode à la technologie extrême et à la déshumanisation illustrent justement ce fondamentalisme que cherche à dénoncer le film. Seuls un film purement manichéen aurait pu leur plaire. D'autres regrettent que l'humanité soit dépeinte dans le film comme n'étant, finalement, qu'une machine et l'esprit un logiciel. Et bien, pourtant, c'est vers cette explication que tend la science actuelle.

Au final, une très bonne introduction au concept de singularité et de transhumanisme mais qui doit être accompagné par un véritable approfondissement.
LioPloum
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sur l'intelligence artificielle et Les meilleurs films de science-fiction

Créée

le 10 déc. 2014

Critique lue 2.5K fois

17 j'aime

LioPloum

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

17

D'autres avis sur Transcendance

Transcendance
guyness
4

Arrête de faire le clone !

Réparer un film en abîme. Autopsier un blockbuté. Est-ce facile, est-ce seulement possible ? Ne faut-il qu’un pas pour basculer de trance en danse ? En tout cas Paul, ce bêta, nie. Depp...

le 20 juil. 2014

36 j'aime

17

Transcendance
Apostille
9

Par delà la pensée...

Ayant entraperçu les premières critiques, je vois venir un film qu'il sera très branché de descendre en flammes. J'observe cette tendance poindre et constate que je ne suis pas du tout en accord avec...

le 26 juin 2014

35 j'aime

15

Transcendance
Architrave
5

ALORS ON TRANSCENDANCE

Ah, les films libres, sans contraintes, qui n'en ont rien à faire des incohérences, qui font aller le scénario quelque part entre le plagiat absolu d'idées d'une trentaine de films déjà sortis et la...

le 30 juin 2014

26 j'aime

2

Du même critique

Transcendance
LioPloum
8

Un vrai film sur le transhumanisme…

À lire les critiques, Transcendance est mou et, pire, serait une ode au technologisme extrême. Et pourtant, le film est bon. Très bon. Abordant de front un sujet très difficile, il va très très vite,...

le 10 déc. 2014

17 j'aime

Good Morning England
LioPloum
4

2h15 de pub pour un Best Of des sixties.

Quand on aime le rock et l'humour anglais, on ne peut se retenir de frissonner de plaisir alors que se lance The Boat That Rocked. Avant de déchanter bien vite. Car c'est long. Très long. 2h15...

le 28 janv. 2015

15 j'aime