"Je choisis aujourd'hui la voix de la collaboration..."
Transformers 3 serait le moins mauvais film de la trilogie et pourtant c’est un film qui fait semblant, contrairement aux deux premiers qui étaient mauvais et semblaient presque l’assumer. Il reste que c’est quand même étonnant de constater à quel point on a l’impression de voir le même film trois fois tant certaines scènes sentent le réchauffer, Michael Bay devrait peut-être mettre ses capacités à faire toujours le même film au service du porno, il y gagnerait autant d’argent.
Il faut quand même être honnête tout n’est pas à jeter puisqu’on trouve au casting John Malkovich et France McDormand, seulement de là à se dire qu’il se sont trompés de studio le jour du tournage il n’y a qu’un pas. D’un côté Malkovich est là pour un rôle d’attardé mental hystérique dirigeant un open space et McDormand est complètement sous-exploitée en tentant parfois de faire de gros yeux méchants inefficaces. Le reste de la distribution n’a pas changé pour ne pas perturber le spectateur.
Le scénario existe c’est vrai, à condition d’adhérer à l’univers Transformers, pour le reste il ne casse pas trop pattes à un canard. L’histoire a été vue, revue, rebattue et ce n’est pas le deus ex machina, prévisible parce-que déjà usé jusqu’à la moelle par d’autres films, qui va changer grand chose. La dernière partie du film, sensée bastonner jusqu’à l’overdose est pourtant la plus longue parce-que pleine d’incohérences, décousue et répétitive. Franchement, que la partie « action » du film puisse être la plus poussive démontre un manque de talent certain. Il y a c’est vrai un peu d’autodérision, mais il faut arrêter avec ça, elle peut être parfois sincère, mais certains réalisateurs comme Michael Bay l’utilisent aussi pour légitimer auprès des cinéphiles un film écrit et réalisé sans l’aide du moindre neurone.
[SPOIL] Il y aurait peut-être un point intéressant à souligner si on était certain que c'est voulu par le "scénariste", à savoir cette comparaison qu'il peut y avoir entre Sentinelle Prime et le maréchal Pétain, connu à travers le monde comme l'homme du renoncement. Comme Pétain, Sentinelle Prime constate l'incapacité de son camp à vaincre l'adversaire et décide de collaborer avec ce dernier pour sauver ce qui peut encore l'être de sa mère patrie. Comme Pétain, il pense être mesure de prendre peu à peu l'ascendant sur ceux avec qui il s'allie et comme Pétain, il porte de gros favoris tombants. Tiré par les cheveux ? Peut-être, mais ça semble flagrant si on prend un peu le temps d'y réfléchir.[FIN DU SPOIL]
Restent les effets spéciaux, réussis mais à la limite de l’entourloupe par moments. On nous sert encore une scène sur l’autoroute, décidément c’est une maladie. Les transformations de véhicule en robot sont toujours une arnaque, je te fais bouger un million de trucs en même temps et très vite comme ça tu n’as pas vu que ces robots ne se transforment pas de manière cohérente. Pourtant c’est ce que les mômes adoraient dans leurs jouets, les trouvailles presque magiques qui faisaient que l’hélicoptère se transformait en un robot invincible.
Il reste aussi ces scènes de combats que Bay ne maîtrise toujours pas et qu’il reproduit à l’infini. Pourtant, elles pourraient être tout à fait esthétiques (s’il y avait moins de ralentis), mais elles restent incompréhensibles, illisibles. Qui avoine qui ? Par moments on se demande, mais on sait que Bay est un mec bien manichéen et qu’à la fin les autobots l’emporteront, mais ce n’est pas une raison pour gâcher le plaisir.
Pourtant il reste du plaisir dans ce film, celui de voir les héros d’une jeunesse prendre vie autrement que dans un dessin animé tout pas beau et de dire tout devant ça télévision quand Otpimus Prime se met en colère tout rouge : « Maint’nant ça va chier ! ». Une réaction primaire donc, exactement comme l’est le film dans ses intentions et dans sa réalisation avec une fin martiale à grands renforts de ralentis boursouflés, de drapeau U.S. et de musique grandiloquente et sans âme et ça franchement, c’est plus possible !