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C'est pas de la tisane votre rêve blanc ! - Meg Ryan
Par
le 6 mai 2024
Acheté avec le précédent Hemoglobine, Transmutations se lance dans des comparaisons tout aussi grandiloquentes, puisqu'il cite Clive Barker sur sa couverture (alors qu'il n'est que vaguement impliqué pour l'inspiration d'une de ses nouvelles). A vrai dire, le réalisateur de l'objet a l'air de se toucher un peu, puisqu'il alterne entre plusieurs univers, passant d'images barkeriennes (oui, il y en a, la comparaison était pertinente) à des ambiances Cronenbergiennes avec des éclairages à la Argento. Purée, quelle tambouille ! Ca fout met les neurones en agitation ! Mais ce n'est hélas pas toujours très digeste...
Sur les bases, ça peut tenir la route. Un peu de Chromosome 3, un peu de Cabal pour l'empathie pour les monstres, et le tour est joué. Si un tel patchwork a de quoi faire sauter au plafond n'importe quel fan de fantastique, le résultat est loin de tenir de telles promesses. Toutefois, on sent un peu l'esprit Barkerrien de départ, qui met en scène des junkies rendus monstrueux par l'usage d'une drogue, et étant devenus les esclaves du docteur les ayant drogué. Un peu d'empathie pour ces créatures, qui se révèlent encore incroyablement conscientes de leur situation au vu de l'état de dépendance qu'on nous décrivait. D'ailleurs, au niveau des maquillages, le tout est un peu décevant. Si Barker osait un grand nombre de designs monstrueux, ceux qui nous sont proposés ici consisteront en quelques bubons de latex et une paire de lentilles rouges phosphorescentes. Un peu convenu, tout ça, surtout que l'introduction commençait d'une façon très cheap en remplaçant les maquillages par des cagoules (ce qui donnait un début tout droit sorti de la filmographie de Godfrey Ho et qui m'avait fait très peur pour la suite des choses).
Heureusement, l'ensemble s'améliore un peu par la suite, gagnant avec son intrigue qui s'étoffe et les ambiances de certains lieux, comme le repère des drogués ou le cabinet du docteur Savary. Et il devient alors nécessaire de parler des éclairages. Indéniablement, George Pavlou (le réalisateur) a aimé Inferno, et il veut nous ressortir les jeux d'éclairage rose / bleu de ce chef d'oeuvre (la façade d'un des bâtiment du film ressemble à s'y méprendre à celle de l'immeuble d'Inferno). Ce qui donne des passages parfois réussis (en tout cas avec une esthétique acceptable), et parfois à côté de la plaque (l'enlèvement dans la chambre est d'une rare laideur, et certaines ambiances monochromes sont trop colorées). Toutefois, sur un exercice technique aussi délicat, le film parvient à ne pas trop faire dans le mauvais goût, quitte à se lancer dans des digressions dispensables (on pense à quelques scènes de bordels dont on aurait largement pu se passer).
Enfin, et c'est là le principal défaut du film : il manque d'âme. Clive Barker a toujours insufflé à ses personnages une âme, souvent torturée, mais mise en valeur, qui nous faisait apprécier le personnage. Ici, le relief est très modeste, voir inexistant. Notre héros semble suivre une trame toute tracée, semblant se foutre de son but et de la tournure des évènements. Si on connaît l'esprit Clive Barker, on sait que c'est un homme qui n'hésite pas à recourir à la violence, mais qui va se prendre d'affection pour les monstres (les hommes étant plus mauvais que ces victimes) et qui va tenter de se joindre à leur cause. Cependant, si notre héros principal a la tête de l'emploi, impossible de croire qu'il se sent investi d'une cause quand il mène son enquête et qu'il finit par sympathiser avec les monstres. Affichant la même expression neutre pendant la quasi-totalité du film, il se révèle d'une platitude ennuyeuse, et à la longue d'un ennui poli. Mais malgré ce gros manque d'âme, l'ensemble parvient à tisser un canevas amusant, à même de divertir les habitués des productions bis tortueuses et imparfaites. L'ensemble est un peu cheap, souvent superficiel et parfois maladroit, il parvient pendant quelques séquences à saisir une essence Barkerienne, aussi, on ne coulera pas la bête. Mais ça reste quand même loin d'être exceptionnel.
Créée
le 4 déc. 2015
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