Marathon Man
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le 25 juin 2017
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On aura beau dire ce que l'on veut, mais Mark Wahlberg aura toujours su mener sa carrière d'une main de maître depuis ses débuts, et si beaucoup encore doutent de son réel talent face caméra, difficile en revanche de ne pas admettre qu'il aura réussi la prouesse de tourner devant la caméra de plusieurs des meilleurs cinéastes actuels, de Martin Scorcese à Peter Berg en passant par David O. Russell, Paul Thomas Anderson ou encore James Gray.
Mais c'est certainement avec Peter Berg, que le bonhomme a le plus dévoilé toute l'étendue de son talent.
Après le puissant Du Sang et des Larmes, et le follement mésestimé Deepwater, le duo nous revient déjà avec un troisième projet coup de poing inspiré d'une histoire vraie : Traque à Boston, qui s'évertue à remonter le temps pour nous conter le terrible attentat ayant endeuillé la ville, lors du marathon du 15 avril 2013; ainsi que la course contre la montre qui suivit durant quelques jours plus tard, pour retrouver les deux poseurs de bombes Djokhar et Tamerlan Tsarnaïev.
Si son titre original était loin d'être rassurant - Patriot Day -, et laissait présager une oeuvre affreusement patriotique flanquée d'un récit traditionnel de héros à l’américaine, le tout enrobé d'un pathos de supermarché indigeste (un film de propagande sur une Amérique faussement triomphante, coucou World Trade Center); il n'en est cependant rien, car si Berg n'abandonne pas forcément tous les clichés inhérents du genre (comment le pourrait-il ?), il s'efforce tout en pudeur et en décence, d'offrir une vision objective et universelle de ce drame terrible, tout en restant - à l'instar de Vol 93 - essentiellement cinématographique et à hauteur d'homme.
Épopée intime solide, constamment tendue et tournée vers l'humain (bel hommage aux héros du quotidien, des forces de police aux infirmiers), Traque à Boston prend aux tripes et tient en haleine de tout son long un auditoire totalement happé par cette incroyable histoire aussi terrifiante que douloureusement empathique - et encore plus aujourd'hui -, Berg flanquant judicieusement sa caméra (sa mise en scène aussi aérienne qu'intimiste, semble se bonifier avec le temps) au coeur de l'action pour rendre l'expérience encore plus immersive et vibrante.
Sans forcer son propos, le cinéaste met en images l'irruption brutale de l'horreur dans le quotidien d'une communauté commune à toutes, qui parviendra à faire face ensemble, à un danger aussi impitoyable qu'il est sourd et imprévisible, face auquel on ne peut être qu'impuissant.
Devant la caméra, Mark Wahlberg, rejeton de Boston et évidemment plus impliqué qu'à l'accoutumer par une histoire qui le touche en plein coeur, offre une composition tout en retenue et incarne toute la glue émotionnelle qui fait de ce drame humain autant angoissant que tragique et digne; un puissant morceau de cinéma qui ausculte avec sincérité le fléau du terrorisme moderne.
Bref, Peter Berg signe une nouvelle oeuvre audacieuse et importante (même si beaucoup pourront douter de sa légitimité) qui, malheureusement, aura surement du mal à trouver son spectateur en salles - tout comme Deepwater.
Foutu monde moderne - dans tous les sens du terme.
Jonathan Chevrier
Créée
le 10 mars 2017
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