Vous vous réveillez avec la brume au petit matin, votre nez coule avec ce temps humide et froid, vos chaussures sont souillés par les monticules de feuilles mortes sur la chaussée, et vous voilà à peine rentré chez vous que la nuit est déjà tombé. Nous voilà revenu encore une fois à Halloween, cette période de l’année que les chérubins et cinéphiles chérissent pour se gaver de sucreries devant leurs films d’horreur préféré, pourtant ce folklore tend à se perdre depuis quelques années à en croire le manque d’événements et la programmation TV qui préfère diffuser des téléfilms de Noël. Les magasins de déguisement et de farce et attrapes ferment tour à tour leur portes au profit des grandes enseignes qui n’accordent au mieux qu’un rayon dévolu à cette fête d’origine celte sous prétexte que la France n’est pas l’Amérique. On ne voit même plus de gamins costumés pour nous délester de nos Haribo, cette tradition s’est vu bafoué et s’est perdu jusque dans nos contrées les plus reculés, heureusement Trick ‘r Treat est là pour la raviver à la lueur d’une citrouille illuminée et garde à ceux qui tenterait de nous en priver.
Michael Dougherty semble porter un amour sincère aux histoires des EC Comics auxquelles il souhaite rendre un vibrant hommage comme plusieurs de ses prédécesseurs. Rappelez vous de l’anthologie Creepshow de Stephen King et Georges Romero. Etre le seul maître à bord assure au moins d’unifier le concept de film à sketches auquel le réalisateur de Krampus n’emprunte finalement que le fond, puisque la forme détonne totalement grâce à de subtile transition et un scénario au cordeau réunissant toutes les intrigues qui se déroulent dans une même unité de lieu et de temps. Cette ville commune aux traditionnelles banlieue fictives type Haddonfield ou Elm Street recèle une multitude de boogey-men qui une fois le 31 octobre arrivé sortent de leur tanière pour rendre des comptes et se repaître des adultes et enfants qui pervertissent les coutumes à leurs dépends.
Chaque protagoniste s’entrecroise dans une succession de scènes d’épouvante qui ne peuvent s’achever que par une issue funèbre à l’ironie mordante. La soirée n’est même pas terminée qu’une habitante remballe déjà ses décorations pour rejoindre son mari devant un film porno. Elle sera la première victime d’une longue liste, parmi elle un petit gros un peu trop gourmand qui vandalise les ornements des devantures de maison et qui fera l'erreur d'accepter des bonbons lui réservant un bien mauvais sort, un père de famille qui profite de son célibat pour tuer des gens avant de les enterrer dans son jardin, un voisin médisant qui cherche à se faire oublier pour un horrible crime passé qui reviendra le hanter, un mauvais tour qui finira par se retourner contre ses instigateurs, une histoire dramatique avec un bus scolaire finissant sa course dans une carrière, des succubes de l’enfer et des revenants en quête de sang… Trick ‘r Treat est un peu à l’image de son petit avatar à tête de citrouille qui se trimballe avec un sac de jute rempli de bonbons, puisqu'il réunit tous les ressorts horrifiques dans une dimension folklorique d’Halloween où l'on célèbre la mort à grand renfort d'effets gore. Une franche réussite un tantinet trop courte mais qui pourrait bien animer votre soirée en préambule d’un film plus terrifiant, où l'importance de conserver les traditions.
Tu veux ta dose de frissons et d’adrénaline pour Halloween ? Rends-toi sur l’Écran Barge où tu trouveras des critiques de films réellement horrifiques, situés à mi-chemin entre le fantasme et le cauchemar.