Tricoche et Cacolet (Fernandel et Duvallès) dirigent en association une agence de détectives privés. Joueurs et sans le sou, ils en sont à provoquer eux-mêmes les affaires pour lesquelles ils proposent leurs services. Ainsi en est-il pour le banquier Van der Pouf (!) et son épouse adultère (Saturnin Fabre et Elvire Popesco).
Cette pièce de boulevard du Meilhac et Halévy a pour décor un milieu bourgeois et capitaliste dont il faisait bon de caricaturer dans les années 30 les turpitudes. Le début du film est plaisant: dialogues plutôt impertinents, sinon véritablement spirituels, interprétation mesurée (par opposition au cabotinage courant du vaudeville). C'est pourquoi on regrette que la suite se mette à bêtifier un peu et que la double intrigue (Tricoche et Cacolet,
devenus concurrents, s'occupent des intérêts divergents des deux époux susdits)
tend à s'éparpiller, suivant une mise en scène un rien confuse et un scénario alambiqué.
Duvallès et Fernandel (dans un personnage du genre roublard, éloigné des rôles de simplet qu'on lui fait souvent tenir à l'époque) abusent leur monde en revêtant maints déguisements: c'est un aspect d'une comédie théatrale dont on regrette qu'elle poursuive dans le vaudeville commun plutôt que dans la satire de moeurs.