Passons sur les raisons qui m'amènent dans la salle qui diffuse ce film. Je me sens néanmoins d'humeur clémente: Cameron Diaz et surtout Leslie Mann ont plutôt ma sympathie et je ne rechigne pas sur un peu d'humour régressif. Mais le film va très rapidement mettre à mal toute velléité d'indulgence. Rien ne fonctionne vraiment : actrices en surjeu permanent (Diaz, Mann surtout) ou aux abonnés absents; des longueurs et un manque total de rythme, ce qui est toujours fatal pour une comédie; des gags mal écrits, mal joués, mal dirigés ou pire, déjà vus ailleurs et en mieux: la scène des toilettes du restaurant évoquant entre autres Mes meilleures amies, Polly et moi, et même le clip Smile de Lilly Allen (clip assez drôle par ailleurs, mais c'est dire si le film vise haut); un montage trop sec, ce qui est un comble pour un film avec de telles longueurs. Les références sont maladroites: le détour par le splastick de la scène finale frise le ridicule par son incompréhension de l'essence même de ce genre en confondant grotesque et burlesque. Le scénario est mal écrit, ou peut-être contrarié par un montage à la va-comme-je-te-pousse, et peine à nous faire adhérer à l'amitié des trois filles, amitié qui atteint des sommets de mièvrerie dans une scène complétement gratuite et inaboutie sur la plage au lever du soleil. Le kitsch n'est pas loin. Qui a dit que le kitsch est, par essence, la négation absolue de la merde?
Que reste-t-il alors à sauver du film ? Deux ou trois gags, a peu près réussis, bien que Nick Cassavetes n'ose pas pousser les compteurs du mauvais goût à leur maximum comme l'auraient fait les Farrelly ou Appatow à leur meilleur (cf. la gynécomastie du salaud de mari). Ce qui retient l'attention, ce sont finalement des considérations bien peu cinématographiques, ou en tout cas sans lien réel avec le film en lui-même. Ainsi, le visage et le corps vieillis de Cameron Diaz, qu'on a connu d'une fraîcheur incroyable dans Mary à tout prix, ne cessent d'intriguer et de fasciner. L’actrice ne s'est jamais caché d'avoir eu recours à la chirurgie esthétique : et c'est justement cette image qu'elle offre (sacrifie?) tout au long du film, l'image d'une femme plus tout a fait jeune, à peine vieillissante, mais qui porte déjà les stigmates de la chirurgie esthétique, prise dans la course à la jeunesse éternelle qu'impose impitoyablement Hollywood à ses actrices. Cette course s'illustre très littéralement dans le film dans la scène où Diaz en bikini poursuit sur la plage la jeune maîtresse de son amant, c'est à dire précisément une représentation de ce qu'elle a été auparavant. Elle rejoint ici, dans une moindre mesure quand même, l'audace de Julianne Moore dans Maps to the Stars de Cronenberg.
Faut-il se réjouir que dans ces deux films, de nature et d'ambition fort différentes, les actrices hollywoodiennes puissent assumer et afficher un corps vieillissant comme un pied de nez au jeunisme de l’industrie cinématographique, et aux canons qu'elle impose ? Ou, à l'inverse, n'y voir qu'un cynisme insidieux qui obligerait ces dernières à une humiliation ultime avant la sortie de route définitive?
P.S: Il n'y a que moi à être intrigué par l'Oedipe de Nick Cssavetes?