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Netflix a sorti un bon film. C’est devenu presque bizarre de le dire, on commençait à doucement connaître la chanson. Un pitch alléchant, un casting de mastodontes et puis patatra.


Pas cette fois. Alors certes le scénario est bien plus classique, mais ce qu’on perd en originalité, on le gagne doublement en efficacité. A la manière d’un Sicario, la tension est présente du début à la fin. Le périple tourne vite au cauchemar, chaque décision prise est lourde de conséquence.


On pense évidemment aussi à Narcos. Un baron de la drogue reclus au fin fond de la jungle colombienne avec son argent, on a déjà entendu ça quelque part. Des indics sexy, des fonctionnaires soudoyés et Pedro Pascal qui galère, on connaît aussi.



Devenez scandaleusement riche



Mais là où Triple Frontier trouve son originalité, c’est dans sa réactualisation moderne du mythe de la fièvre de l’or. Dans le trésor de la Sierra Madre, de John Huston, que je vous recommande très chaudement, le vieil Howard prévenait les apprentis chercheurs d’or. Il leur faisait part de la folie destructrice qui s’emparait inévitablement de chaque homme, lorsque l’or commençait à s’accumuler. Ce destin fataliste, il ne l’avait que trop connu.



I know wath Gold does to men’s soul. Never knew a prospector yet that died rich. Make one fortune, > you're sure to blow it in trying to find another. I'm no exception to the rule. Murder's always lurkin' > about. Partners accusin' each other of all sorts of crimes.



Triple Frontier est donc l’application directe de la prédiction du vieil homme. Même l’homme le plus honnête est contaminé par la fièvre. Plus. Toujours plus. Quitte à tout perdre. L’opération humanitaire se transforme en braquage illégal puis en exécution arbitraire. Le plan parfait devient une escapade désespérée.



Cour de géographie



Au-delà du titre dont le concept n’est jamais exploité, Triple Frontier regorge de décors naturels exceptionnels. Pour le prof de géo que je suis, c’est un régal absolu. La richesse et la variété du territoire colombien auraient dû s’admirer en IMAX. On se faufile dans les ruelles des quartiers pauvres, surpeuplés et colorés. On se débat dans la jungle épaisse que Hunnam commence à bien connaître, après son voyage dans The Lost City Of Z. On arpente les sentiers rocheux de la cordillère des Andes. Que du bonheur.


Triple Frontier est donc un divertissement efficace aux décors magnifiques, jamais révolutionnaire mais intéressant dans son interprétation moderne de la fièvre dorée.

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le 13 mars 2019

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Peaky

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