Le pitch: Un jeune crétin prétentieux (parfaitement illustré par Orlando Bloom) est l'invité d'un collègue de son père, un vieux coriace et libidineux. Pâris (le godelureau) ne trouve rien de mieux à faire que de piquer sa bonasse (Hélène) au vieux (Ménélas) qui va se plaindre chez son frère (Agamemnon).
On voit ça tous les jours dans la cité, sauf qu'ici, Pâris est le fils de Priam, roi de Troie; Hélène (super bombasse) est la fille de Zeus, le roi des dieux; Ménélas est roi de Sparte; Agamemnon est roi de Mycènes et chef de la famille des Atrides (une famille à problèmes).
C'est le début de la 1ère guerre mondiale (le monde était petit en ce temps-là). D'ailleurs Wolfgang Petersen nous offre une scène de débarquement directement pompée sur "Le jour le plus long".
Grâce à l'un de leurs alliés, Ulysse le mariole, les grecs s'assurent l'aide de l'arme absolue de l'époque: Achille, un super-héros.
Wolfgang Petersen n'a pas sût trancher entre les thèmes. Il ne raconte ni l'Iliade, ni vraiment la guerre de Troie, ni l'histoire d'Achille. A force de simplifications, il a supprimé la plupart des héros et surtout gommé les drames de chacun. On peut comprendre qu'il édulcore les rapports entre Achille et Patrocle qui relèveraient aujourd'hui du viol sur mineur par personne ayant l'autorité, mais où sont passées Cassandre et Iphigénie et pourquoi fait-il tuer Ménélas par Hector?
C'était le temps où les dieux se mêlaient des affaire des hommes. Dans les épopées, ils sont omniprésents, se mêlent de tout. Presque chaque évènement est la conséquence de l'action des dieux. Chaque fois qu'un héros meurt, c'est un dieu qui le tue par le bras d'un homme. Achille est tué par Apollon qui guide le bras et la flèche de Pâris. Ici, ils ne sont qu'évoqués.
Il en va de même pour la prédestination. La vie d'un homme, comme d'un roi et même celle des dieux est écrite par le Destin, une divinité inexorable, au-dessus des dieux. C'est la justification des oracles. Il n'en est question que deux fois: quand sa mère annonce à Achille le choix qui s'offre à lui et quand il dit à Briséïs qu'il n'a pas le choix, qu'il est fait pour ça (tuer et faire la guerre). C'est pourtant une notion incontournable de toutes ces épopées.
Il reste un film d'action qui n'est pas pire que la plupart des films de super-héros et qui peut donner envie de découvrir les épopées originales avec des personnages infiniment plus complexes.
Wolfgang Petersen termine par une ouverture sur l'Enéïde, alors qui sait, peut-être à suivre?