Ca aurait pu être bien pire...
J'avoue, j'ai un peu honte de mettre 6 à ce film. Et pourtant, dire que j'ai détesté ce film serait un mensonge éhonté.
Commençons par ce qui a forcément déplu à la plupart :l'histoire. Le scénario ne respecte pas DU TOUT l'Iliade, texte qui m'arrache encore des larmes de joie quand je le relis. Les Dieux sont complètement absents, leur implication décisive dans le conflit passe à la trappe, les survivants meurent tandis que les morts en héros restent en vie, la guerre se résume à 2 - 3 assauts au lieu des 10 années de conflits, etc.
Le gros point noir du scénario est le traitement du personnage d'Agammenon. Totalement opposé au personnage de l'épopée d'Homère, on découvre dans ce film un roi des rois cupide, cruel, moche, sans parole, rageur... Bref, une insulte et un non sens.
Alors pourquoi 6 ? Déjà pour quelques scènes : Le plan des nefs arrivant sur les côtes troyennes, le duel entre Hector en Achille, qui personnellement m'a plu dans le côté "surhumain" des coups portés par Achille, Priam demandant le corps de son premier né au fils de Pélée.
Ensuite, si on se met dans la vision de Petersen, on voit bien ce qu'il a tenté de faire. Adapter l'Iliade en tant que tel, c'est impossible. Totalement. Il lui fallait donc ruser. Et si la guerre de Troie avait existé, comment cela aurait pu se dérouler ? Pour quels enjeux, dans quelle optique ? Et à ce petit jeu, je ne peux que louer son effort pour retranscrire l'état d'esprit des Achéens et troyens.
Achéens et Troyens respectent les dieux pourtant absents, ont peur de leurs réactions, Priam notamment possède une foi inébranlable, tandis qu'Hector les respecte et les prie sans pour autant se reposer sur leur "intervention".
Les batailles respectent la notion d'aristae, constante dans l'Iliade, où des duels "s'improvisent" en plein champ de bataille (notamment pour l'affrontement entre Hector et Patrocle).
La quête de l'immortalité n'est pas oubliée, Achille en tête, cherche bel et bien à gagner l'immortalité par la gloire. Les cérémonies des buchers funéraires pour Ajax, Hector, Achille, restituent bien cette atmosphère païenne.
Le film cherche vraiment à dégager un souffle épique (même s'il échoue), il n'est pas tombé dans une adaptation complètement grotesque d'un Achille super héros invulnérable avec des javelines rebondissant sur son torse et un Hector qui balance des morceaux de montagnes sur les achéens.
Bref, je suis indulgent vis à vis de ce film qui m'a diverti le temps d'une après midi au cinéma. Je n'en attendais rien, et j'en étais ressorti presque agréablement surpris.
Ensuite le revoir pourrait m'être fatal.