"Trois", comme trois histoires illustrant trois moments autour de la Seconde Guerre mondiale (avant, pendant, après) d'un point de vue yougoslave, mais également comme trois rencontres avec la mort selon trois perspectives : celui qui en est témoin, celui qui en est victime, et celui qui en est l'ordonnateur. La thématique funèbre et fédératrice unit ce court film structuré autour de trois segments évoluant le long d'un chemin plurivoque, jalonné par l'angoisse, la solitude et le dilemme moral.


On suit ainsi les pérégrinations de Milos, un homme qui sera amené à contempler la mort sur le quai d'une gare bondée, au terme d'une séquence assez hallucinante de surréalisme documentaire (un montreur d'ours en pleine action), puis à être poursuivi avec un camarade moins chanceux que lui par des soldats allemands dans un décor incroyable, immergé, lunaire, presque parent avec celui de Onibaba (en faisant preuve d'un peu d'imagination et d'exagération, en remplaçant les roseaux par d'autres végétaux), pour finalement accéder à un statut et à un pouvoir lui conférant le droit de vie ou de mort sur d'autres êtres humains. Le film tourne ainsi autour de ces thèmes moraux, qui se présentent au protagoniste sous la forme de dilemmes plus ou moins explicites mais jamais lourdingues, en rapport avec la punition et le pardon.


Un regard sombre, sec, déchirant, mais non-dénué de poésie, articulé de manière abrupte dans ses transitions pour déboucher sur un paysage désolé, façonné par la peur et le désespoir. Un triptyque assorti d'une photographie très marquante qui saisit sur le vif les instants juste avant l'éclatement de la guerre, au sein d'une masse de personnes attendant désespérément un train, la déroute de deux compatriotes dans un paysage inhospitalier, ainsi que les conséquences d'une condamnation à mort une fois le conflit refermé. Milos n'aura sauvé personne, et c'est bien là le drame au cœur de Trois.


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Morrinson
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le 29 nov. 2021

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Morrinson

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