Second volet de la trilogie des Trois Couleurs de Kieslowski, Blanc s'attache à analyser la notion d'égalité telle que représentée dans la devise de la république française, et ce à travers le personnage de Karol Karol qui, après avoir été humilié et trahi sans ménagement par son épouse, décide de quitter la France pour revenir dans son pays natal, la Pologne.
Pour comprendre ce film, il faut tout d'abord se référer à sa date de sortie : 1994. Nous sommes quelques années à peine après la chute du mur du Berlin. La Pologne a abandonné le communisme et se tourne désormais vers l'occident, et donc la France, pour adopter le mode de vie capitaliste. C'est ainsi l'occasion pour Kieslowski de s'interroger sur la manière dont s'incorpore le principe d'égalité dans ce nouveau monde. Le constat n'est pas des plus réjouissant. Le pays s'étant ouvert économiquement, il devient une sorte de Far-West (ou plutôt Far-East) où les mafias s'accaparent à coups de pots-de-vins les terres et les marchés juteux de la Pologne. C'est la loi du plus fort (ou du plus malin) qui règne et tant pis pour les perdants.
Concernant notre héros Karol Karol, celui-ci fera partie des chanceux qui réussiront à s'adapter au nouveau système et il usera de son argent pour assouvir sa vengeance contre son ex-femme. Celle-ci l'ayant complètement détruit, il lui semble normal de lui rendre la pareille, afin de restaurer une certaine égalité au sein du couple.
Que l'on ne s'y trompe pas, si les sujets de Blanc sont graves, ils sont traités avec un humour féroce par Kieslowski. Le cynisme est souvent présent, à l'image de cette scène où le héros, privé de tous ses droits et n'ayant plus d'argent, n'a d'autres choix que de retourner en Pologne par avion en se cachant dans une malle. Le réalisateur filme tout cela à la perfection dans l'ambiance froide de la Pologne qui se marie à la beauté glacée de l'épouse de Karol, interprétée par Julie Delpy.