En quête d'humanité

Sam Peckinpah avait enterré le western dans la horde sauvage, puis l'avait déterré pour lui faire subir toutes sortes d'outrages dans "Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia".
Tommy Lee Jones le déterre à nouveau. En l'enterrant pour la troisième fois, il marche dans les pas de Peckinpah.
Trois enterrements est donc un western contemporain.

C'est aussi une quête initiatique.
Lorsque Pete Perkins, un vieux cowboy donne sa parole au jeune Melquiades Estrada de l'enterrer dans son village mexicain s'il lui arrivait de mourir au Texas, il n'imagine pas à quoi il s'engage.
L'odyssée qui s'en suivra entrainera Pete Perkins ange justicier joué par Tommy Lee Jones, Mike Norton assassin par lâcheté joué par un remarquable Barry Pepper, et un cadavre en décomposition à travers diverses épreuves. Ils croiseront des personnages divers en quête de leur humanité perdue: un shérif aussi impuissant qu'incapable de faire appliquer les principes de la société américaine, un chef de la police des frontières qui ne veut pas d'histoire, une femme qui multiplie les amants incapable de prendre une décision, une autre qui veut fuir sa vie d'épouse d'abruti dans un trou perdu, un vieux qui demande aux autres de commettre la faute qu'il ne veut pas assumer, un groupe de bons samaritains, une jeune femme tentée par la vengeance, etc...

Les intentions de Tommy Lee Jones ne sont pas claires.
Il ne s'agit pas d'un plaidoyer pour les immigrés. Il ne s'agit pas non plus d'une confrontation entre la culture anlo-saxonne et le catholicisme morbide des mexicains. S'agirait-il d'une forme d'expiation d'une Amérique profondément malade, ayant perdu ses repères?
Seul le parcours de Norton est clair. Les épreuves le mèneront à la rédemption.
Mais la fin est ambigüe. La quête de Pete Perkins n'était-elle que le produit des illusions d'un fou? Le but du voyage n'est-il qu'un rêve que tout homme doit construire? Ou bien seule compterait la quête, pas le but?

Mais comme pour tout film l'interprétation appartient à chaque spectateur.