Cadavre exquis

Je ne vais pas vous faire la liste de toutes les œuvres que je n’aurais jamais connues sans ce merveilleux endroit, mais ça commence à faire un p’tit paquet ! De critique en critique, de commentaire en commentaire, on clique à droite à gauche et on se retrouve sur des pages de films dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Tenez, par exemple, avant de parcourir une obscure liste de ouesternes contemporains, je ne savais même pas que ce vieux bougon de Tommy Lee Jones était passé derrière la caméra. Et bon sang, quel premier film !

Un garde frontière fraichement débarqué au Texas tue accidentellement un cowboy mexicain et enterre son corps à la va-vite. Déterminé à honorer la promesse faite à son ami, Pete Perkins met la main sur le salopard et entreprend de ramener avec lui la dépouille du défunt dans son village natal. Ainsi commence pour le meurtrier une quête initiatique forcée, qui lui fera emprunter le chemin de la rédemption.

En plus des magnifiques paysages désertiques et des acteurs principaux convaincants (Barry Pepper incarne parfaitement le flic plus paumé que véritable connard), on a le droit a de très bons personnages secondaires. Du vieil aveugle au transistor à la bimbo de Milwaukee, tous sonnent juste et offrent un regard différent sur l’intrigue principale. Dommage que certains ne soient pas plus développés, notamment le shérif impuissant, qui ne semble pas exploité à sa juste valeur.

J’ai particulièrement été touché par la fin ouverte : Tommy Lee Jones nous laisse seuls face à nos questions sur le sens de cette quête, pour mieux mettre en valeur la quête elle même. Au fond, on se fout pas mal de savoir qui était vraiment ce Melquiades Estrada. L’important, c’est que c’était un putain de voyage, et que Pete Perkins l’a entrepris pour de bonnes raisons.

Pour parler un langage qui plaira à mes lecteurs chiraquiens (et je sais qu’ils sont nombreux) : « C’est loin, c’est beau, mais c’est beau parce que c’est loin ».