Après avoir vu le remake... après avoir revu la suite du remake, je me dis qu'il faudrait peut-être que je revois l'original. Je l'avais vu alors que j'étais enfant à 8 ou 10 ans, et quelques scènes, notamment celle du diner et la toute fin du film m'avaient marqués au point que je m'en souvienne encore.) Si on s'était tapé le remake au mois d'octobre alors qu'on allait attendre un enfant, celui-ci a été vu en mai, alors que notre fils a trois mois et demi... ce qui est l'age de l'enfant que récupère les trois gugusses du films.
(Enfin ... on ne sait jamais trop : selon les scènes elle peut se tenir assise et il y en a d'autres où elle garde la position allongée. A mon avis les gamines qui jouent dans le film ont fait des progrès durant le tournage mais les scènes ayant été tourné dans le désordre rendent le tout un peu anachronique pas. Ils ont tentés quand même de garder une certaine cohérence en prenant une gamine plus grande passé un temps d'ellipse.)
J'ai eu un peu peur en débutant le film en me demandant si j'allais vraiment rentrer dedans. J'ai été un peu rebuté par la diction des acteurs, toujours dans un jeu très français, avec des enphases, de l'énervement (Roland Giraud est vénère 90% du film) et une diction très parisienne par moment (il y a une ou deux actrices qui rajoutent des "an" à la fin des phrases façon "bonjour-an.") J'avais super peur que ça vieillisse mal et...
... en fait ça reste un très très bon film. J'ai beau avoir donné un avis "globalement positif" sur le remake, l'original est un BIEN MEILLEUR FILM sur tous les points : les personnages, l'histoire, la morale, la réalisation, etc...
Alors, oui, ça garde quand même le côté "appartement impossiblement grand", le côté "NO HOMO" (leur autre passion en dehors de leur boulot semble être "baiser des meufs" ceci dit c'est peut-être justement ce que critique le film) le côté "année 80" (le fait de mettre un enfant dans une poussette DANS une voiture... waaaouww... ) et il y a la même intrigue à propos de trafics de drogues. Étonnement celle du film français est plus vénère, avec des policiers (pas doués) qui les pistent et un saccage d'appartement en règle. En réalité la version française à le bon goût d'arrêter cette intrigue une fois le quiproquo réglé là où dans chez Leonard Nimoy (oui, oui, c'est le réalisateur du remake) on se sent obligé d'avoir nos papas qui punissent les trafiquants.
Le film est beaucoup plus lié aux emmerdes liés au fait d'avoir un bébé et je m'aperçois que si les américains galéraient parce qu'ils étaient juste "pas doués", ils étaient bien moins dans la merde que les français, qui ont une gamine qui fait pas ses nuits, qui fait ses dents sans arrêt qui eux, s'impliquent vachement plus.
Et ça râle beaucoup plus, avec pas mal de vacheries dans les dialogues ("il est allé traire une vache ou quoi ?") mais pour le coup, le film est clairement dans une démarche de déconstruction de l'image du mec des années 80. Le mec attaché à son boulot, qui gagne bien sa vie, qui couche mais ne s'attache pas... mais va se découvrir une paternité qu'ils vont passer le film à renier, quitte à se fâcher avec leurs amis. (Moi aussi j'ai une pote qui dit "ouais, les enfants avant 3 ans c'est pas intéressant.")
Il décrit aussi un monde de travail parisien où les enfants n'ont pas leur place : Marie est le seul bébé que l'on voit de tout le film, les horaires sont impossible à se ménager et même Sylvia, censé être "la mère" n'a aucun instinct maternel et s'occupe encore plus mal de sa fille que les trois mecs.
Planquant sa gamine sous un escalier le temps d'un shooting photo ou engageant un baby-sitter incompétent.
C'est assez mignon aussi de les voir craquer et de les voir faire ces gestes que tout parent à fait (le fait de jouer avec les pieds d'un enfant qu'on est en train de changer pour le faire rire, les biberons à 3 heures du matin où tu t'endors en même temps que tu donne le biberon, etc...) Chapeau à Coline Serrau qui donne vraiment l'impression que la petite marie est boudeuse, triste, ennuyé en à peine quelques plans. (Ou alors c'est l'effet Kouletchov.)
La grosse différence c'est que le film propose une vraie proposition de mise en scène : le film utilise beaucoup de plans fixes dans lesquels ils se passent deux ou trois choses dans le même cadre : Pierre qui s'engueule au téléphone pendant que Michel regarde la télé ou Jacques qui discute avec Sylvia pendant que ses deux colocataires remplissent la voiture (ce qui donne l'impression qu'ils vont remplir.) On a droit aussi à un ou deux plans séquence (dont un dans l'immense appartement.) En plus on a des acteurs et actrices que j'aime bien, le cast incluant Dominique Lavanant et Marthe Villalonga dans le rôle d'une maman. (C'était la mode à l'époque.)
Le film tire toutefois en longueur, notamment toute la fin qui montre un "papa blues" :
y avait ptet pas besoin d'en faire des caisses, on avait compris au bout de la troisième ou quatrième scène, c'était ptet pas utile de rajouter aussi un passage où Jacques se bourre la gueule en se déguisant en femme enceinte.
Toutefois c'est un moment que le remake a lui aussi foiré, sans parler de la fin qui dans la version française est bien plus émouvante
j'adore ce plan sur ces trois mecs heureux de préparer le biberon de leur fille retrouvée.
A vrai dire, plus j'ai regardé ce film, plus j'avais envie d'aller voir mon fils en train de dormir dans son berceau (peut-être parce que je suis heureux qu'il fasse ses nuits.)