Pierre,Michel et Jacques sont de joyeux célibataires trentenaires vivant en colocation dans un appartement parisien.Fêtards et dragueurs,ils occupent leur temps libre entre soirées alcoolisées et défilé de filles.Mais alors que Jacques,steward,est parti pour l'Asie,un bébé est déposé à la porte du logement,avec un mot de la mère,un coup d'un soir de l'aviateur,indiquant qu'elle doit aller aux USA et qu'elle lui laisse leur fille,dont l'heureux père ignorait l'existence.Pierre et Michel vont devoir se coltiner ce bambin et en apprendre vite fait le mode d'emploi,ce qui n'entrait ni dans leurs compétences ni dans leurs intentions.Gros carton en son temps avec remplissage de salles et trois césars à la clé,ce film a lancé les carrières de sa réalisatrice-scénariste Coline Serreau,une ex actrice versée jusque-là dans les oeuvres confidentielles,et de ses trois vedettes Roland Giraud,connu précédemment comme second rôle,André Dussollier,vu en tête d'affiche uniquement dans du cinéma d'auteur,et Michel Boujenah,valeur émergente du one-man show mais novice à l'écran.Un remake américain surgira en 87,avec une sequel en 90,et un porno de Michel Caputo sera retitré "Trois zobs et un cul fin".La suite française viendra beaucoup plus tard,en 2003,intitulé "18 ans après",à nouveau signé Coline Serreau et avec la même distribution.Avec le recul ce triomphe semble un peu excessif au vu de ce vaudeville puériculteur maladroitement exécuté sur fond d'image et de décors d'une remarquable laideur et sonorisé par une immonde bouillie musicale.Le script mouline sec et tente de donner le change via une filandreuse histoire de trafic de drogue,tandis que des acteurs visiblement pas dirigés font souvent n'importe quoi,notamment les seconds couteaux,complètement à la masse.Difficile aussi d'ignorer la dimension théâtre filmé,même si ce n'est pas tiré d'une pièce,l'action se déroulant quasi uniquement dans cet appartement.Et pourtant cette petite comédie acrobatique et surjouée parvient à fonctionner grâce à ce qui constitue le coeur du film,la grâce touchant trois pignoufs irresponsables tombant en amour pour un petit être vulnérable et embarrassant dont ils n'avaient pas prévu l'arrivée.Marie va modifier leurs habitudes,leur mode de vie,puis leur existence elle-même et jusqu'à leur personnalité.Elle débarque à un moment,la trentaine bien entamée,où la vie de barreau de chaise commence à être usante et à ne plus vraiment satisfaire ces hommes réalisant soudain que le temps passe et qu'il serait opportun de donner un sens à leur vie,cette petite tombée du ciel semblant être le signal de ce grand bouleversement dont ils avaient besoin sans le savoir.Devenus des papas poules,ils vont former un trio de nounous de choc,et le retour de la maman récupérant Marie sera un déchirement pour eux,même s'ils feignent d'en être soulagés.Il est vrai aussi que le bébé est trop mignon,enfin les bébés car deux ont été utilisés,et en plus elles jouent bien,le dresseur a fait un sacré boulot.Pas un grand film donc,mais une jolie comédie plus dramatique qu'il n'y parait,traitant entre rire et émotion du vide et des manières plus ou moins efficaces de le combattre.Les acteurs sont diversement inspirés selon les scènes avec un Giraud énergique et émouvant,qui fait presque peur parfois dans son engagement "parental",mais qui sonne faux à d'autres moments,et un Dussollier pas toujours à l'aise en play-boy faussement désinvolte.Finalement c'est Boujenah,le moins expérimenté du trio,qui s'en sort le mieux en livrant une prestation homogène en grand gosse arrangeant.Parmi les utilités on a d'amusantes scènes de Dominique Lavanant en nurse psychorigide,d'Annick Alane en pharmacienne patiente,de Marthe Villalonga en grand-mère dynamique ou de Xavier Maly en policier berné.Et puis un assortiment de jolies gonzesses comprenant Philippine Leroy-Beaulieu en jeune mère débordée,la divine Marianne Basler,Jeanne Lallemand avant qu'elle ne devienne Jeanne Marine,Valentine Monnier,une des potentielles victimes de Polanski,Cécile Vassort et la hollandaise Herma Vos qui s'est surtout illustrée comme danseuse peu vêtue au Lido et au Paradis Latin.