Trois Jours de bringue à Paris célèbre les bonnes valeurs du peuple français, à savoir le plaisir d’être ensemble, réunis autour d’un jeu de cartes ou d’un bon repas, et de profiter de la cagnotte élaborée jour après jour, partie après partie, en quittant sa chère province pour gagner Paris. En cela, le film d’Émile Couzinet, adaptation de la pièce La Cagnotte d’Eugène Labiche, manifeste-t-il une bonhomie qui gagne progressivement le spectateur inclus malgré lui dans ces amitiés extravagantes et vulgaires, au sens de populaires. Si la mise en scène reste fonctionnelle, c’est-à-dire au stade de la simple illustration, il faut bien reconnaître l’efficacité rythmique de certaines séquences, en particulier celle du restaurant, point de départ des quiproquos et satire cinglante – que l’on doit essentiellement au dramaturge – du choc des cultures entre modestie régionale et bourgeoisie parisienne : il faut en effet servir le Porto « dans le grand verre » car il est bon, commander « quelque chose de plus extraordinaire », à savoir le « Tournedos plénipotentiaire », plat absurde composé de « déchirures de chevreuil saisis dans une purée de caille » avec laitue, lentille farcie et huîtres…
Tout un comique s’installe, reposant sur différents types : comique de mots (confondre le mot terrine et le mot tétine), de gestes (changer de table à chaque plat en raison d’un courant d’air), de situation (la confusion autour des prix, les plats passant de 50 à 500 francs entre la commande et l’addition parce que « c’est le cadre qui cache le zéro ») et de caractère, suivant une opposition entre l’être naturel des habitants de La Ferté-sous-Jouarre et le paraître hypocrite des Parisiens. Quelques idées loufoques semblent avoir influencer le cinéma populaire postérieur, comme l’idée de chanter pour couvrir le bruit de l’évasion, reprise par Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré, 1983). Un divertissement sympathique.