George Miller nous livre, avec Trois mille ans à t'attendre, un sompteux voyage dans des contrées oniriques que le matérialisme contemporain a peu à peu écrasé sous les bottes ferrées du sacro saint progrès industriel.

Il parvient, avec une maestria subtile, à distiller depuis son flacon une fragrance égarée, image diaphane d'une époque où les légendes et l'histoire se fondaient encore en un tout aux contours indistincts.

L'histoire de cette universitaire cartésienne, parfaitement campée par Tilda Swinton, dont le sujet de prédilection, les mythes, se voit un beau jour matérialisé en une créature légendaire issue d'un réceptable scellé jusque-là. Ce djinn, formidablement incarné par Idris Elba, ouvre alors vertigineusement son champ des possibles. Ces deux êtres aspirent à la même complétude et leurs parcours respectifs remmémorés seront l'occasion d'images et d'émotions fabuleuses.

Qu'il est bon de savourer un film fantastique où le récit prime sur toute autre considération ! Qu'il est plaisant d'admirer des effets numériques qui sont là pour servir le propos et pas pour épater la galerie ! Ayant savament dosé l'effort dans la création d'images virtuelles, le réalisateur nous offre l'immersion dans ces contrées oubliées où des personnages légendaires ont bâti leur propre mythe : la reine de Saba, d'une éblouissanbte radiance, le roi Salomon, musicien enchanteur dont le fabuleux instrument captiva à raison les immortels présents.

Ce voyage dans le temps, issu du dialogue entre ces deux êtres, est une invite à la rêverie. Il pourra paraître de courts instants un peu trop étiré mais il ensorcelle néanmoins. Le propos m'est apparu comme une métaphore sur le cinéma, objet de rêve et d'évasion devenu produit formaté pour conditionner les masses à la consommation effrénée qui abreuve nos existences d'une vacuité sans fin. Son oeuvre est une réminiscence de ce cinéma onirique, un peu à la façon de Les aventures du baron de Münchhausen, entre rêverie et réalité. La réflexion sur ce qui fait la matière des mythes m'a transporté d'aise et la conclusion de ce drame, si elle est passée par quelques chas narratifs, m'est apparue joliment ouverte sur de possibles interprétations.


Je formule le souhait que ce récit vous emporte sur un tapis volant.

Apostille
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2022

Créée

le 2 sept. 2022

Critique lue 38 fois

4 j'aime

Apostille

Écrit par

Critique lue 38 fois

4

D'autres avis sur Trois mille ans à t'attendre

Trois mille ans à t'attendre
Sergent_Pepper
7

Quest sight stories

Mad Max Fury Road avait tant remis les pendules à l’heure du blockbuster qu’il a pu faire oublier au grand public l’éclectique carrière de George Miller, qui s’est autant illustré dans le mélo...

le 24 août 2022

49 j'aime

Trois mille ans à t'attendre
Star-Lord09
7

- L' Apostasie du spectateur et son remède argentique -

Ici et là, au gré du vent, George Miller sème ce qui lui reste de magie afin de rappeler aux "peaux neuves" que la salle reste l'unique sanctuaire du Septième Art. Parce qu'au fond si le Cinéma est...

le 24 août 2022

40 j'aime

13

Trois mille ans à t'attendre
LeReve
4

3000 ans à attendre la fin

Bon bah c'est dans le titre : je me suis pas mal ennuyé devant 3000 ans à t'attendre. Et j'en suis le premier déçu. Je m'attendais à quelque chose d'assez grand, après Fury Road que l'on peut je...

le 25 août 2022

35 j'aime

2

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Apostille
5

Vide dans l'espace et trou noir artistique...

J'avais depuis bien longtemps entendu parler de ce film devenu culte. Pourtant amateur de science-fiction, je n'avais jamais eu l'occasion de le regarder. C'est chose faite depuis ce soir. Le moins...

le 19 avr. 2014

87 j'aime

13

Les Garçons et Guillaume, à table !
Apostille
9

Guill'âme à nu...

Guillaume Gallienne est un acteur que j'apprécie beaucoup. Sa sensibilité à fleur de peau et la justesse des courtes interprétations, masculines ou féminines, qu'il livrait dans sa rubrique sur Canal...

le 26 nov. 2013

65 j'aime

10