Je ne m'étais pas renseigné sur ce film avant d'aller le voir, et pourtant j'aurais dû reconnaître Jafar Panahi (le réalisateur) sur l'affiche... Il est l'un des protagonistes de " 3 visages " et, comment dire... pour moi, il ne joue pas, il se contente d'être lui-même, et je dois vous avouer que je trouve cela un peu ridicule ... on dira que c'est un style. Pour être réaliste, ça l'est, quasi un documentaire. Il y avait tout de même quelque chose de fascinant dans ce film, mais la fascination s'est effacé au profit de l'ennui que j'ai senti poindre à plusieurs reprises. Primé du meilleur scénario au dernier festival de Cannes 2018 ? Ben ça alors... Une histoire loin d'être inintéressante, avec une critique de la société comme il se doit, mais tout de même...
J'avais l'intention de noter ce film 5 / 10, mais connaître le contexte de sa réalisation change la donne. Jafar Panahi est interdit de filmer dans son pays depuis 2010, et il a réalisé ce film clandestinement, ce qui constitute évidemment un bel exploit. Cela dit je me souviens avoir vu Taxi Téhéran, qui présentait également une critique de la société, et je l'avais trouvé largement plus intéressant. Trois Visages est largement moins passionnant mais c'est une autre critique, celle de la condition des femmes en Iran qu'il fallait oser réaliser.
Ce film est plus " militant ", le nom des acteurs, lors du précédent film, n'avaient pas été cités, ceci afin de les protéger. Cette fois-ci ils ont décidés de laisser apparaître leur nom à l'écran, au mépris des conséquences. Chapeau !
Je lisais quelque part ce paradoxe à l'iranienne : le gouvernement, et pas seulement le gouvernement, ne veulent pas voir ce genre de film qui critique ouvertement la société iranienne, d'un autre côté, ils sont fiers quand les films de Panahi reçoivent des prix à l'étranger...
J'ai souvent pensé qu'il fallait laisser le souvenir d'un film s'infuser dans mon esprit avant de pouvoir l'apprécier. Plus je creuse, plus je me renseigne sur ce film, plus je l'apprécie, et son souvenir se sublime.
Je fais le lien avec un roman comme 1984 de George Orwell, en prenant conscience du contexte de son écriture, le roman a une tout autre saveur, quelque chose de plus profond. De mon point de vue, il ne faut pas se contenter de rester en surface.
Dans tout ce qui nous entoure, il y a toujours une grande de part de subjectivité, et en tant qu'être humain je pense qu'il nous est impossible de faire abstraction de certains détails, qui n'en sont pas. Exemple : ce midi vous mangez un plat, vous l'appréciez. Si ce plat a été réalisé par un de vos proches et que ce dernier s'est levé à l'aube pour le préparer et que le plat a vraiment été cuisiné avec amour en vue de vous satisfaire... le plat n'aura pas la même résonance. Un peu comme ce film : sans informations particulières, au premier visionnage, pour moi il ne casse pas trois pattes à un canard, mais plus j'apprends sur le contexte et les raisons de sa réalisation, plus je l'apprécie à sa juste valeur.
Bravo M.Panahi !