Et Vous Trouvez ça Troll ?

Même si cela n'a aucune véritable importance j'ai fait un peu les choses à l'envers en découvrant Troll 2 bien avant Troll tout court. Pas très grave puisque les deux films n'ont strictement rien à voir entre eux et que si le second est un maître étalon du nanar intergalactique, le premier se range plutôt sur l'étagère des gros bis un peu con sur les bords mais au final assez rigolo. Produit par Richard Band, spécialiste des séries B de vidéoclub, Troll est le second film du maquilleur et concepteur d'effets spéciaux Jonh Carl Buechler qui plus tard réalisera le septième opus des Vendredi 13.

Dans Troll nous allons suivre une gentille petite famille américaine qui s’installe dans son nouvelle appartement au cœur d'un immeuble. Wendy la jeune fille de la famille est attaquée par une étrange créature qui prend possession de son corps et tente de contaminer ensuite tout l'immeuble pour la résurgence du monde des trolls (enfin c'est grosso merdo ce que j'ai compris).

Sorti en 1986 Troll transpire les douces effluves combinées de bande magnétique, de la poussière de vidéoclubs et d'années 80. Le film est écrit par Jonh Carl Buechler et Ed Naha spécialiste des scénarios avec des petites choses et créatures (Chéri j'ai Rétréci Les Gosses - Dollman – Dolls) et il s'inscrit dans toute cette vague de films post Gremlins qui cherchait à faire naître des franchises avec des petites créatures dans des productions entre comédie et fantastique. Ici s'ajoute une petite touche de fantasy avec une princesse, de la magie, des récits légendaires et un combat éternel entre deux mondes antagonistes celui des humains et celui des trolls. Alors on voit clairement que tous les éléments sont introduits et balancés à l'emporte pièce pour aboutir à un gros gloubiboulga dans lequel on se perd un peu pour arriver au final à un récit assez bordélique dans lequel on semble avoir balancé ses idées sans soucis réel de structure une histoire cohérente. On ne saura jamais ce que au départ cette créature fout dans un immeuble, si elle prend possession de la gamine ou se transforme en elle, ni pourquoi elle transforme ses victimes en cosse de haricot géante accouchant de jardins des plantes remplis de petites créatures entre elfes, gobelins, gargouilles et nain de jardin passés sous la tondeuse ?? L'histoire de Troll n'est donc pas d'un grande finesse ni d'une imparable cohérence et cela va se ressentir dans l'écriture de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres avec une gentille famille sortant tout droit d'un sitcom US, un voisin moustachu dragueur et grande gueule, un ancien militaire sportif hyperactif, un nain dépressif ou une gentille vieille dame … Passe encore que les personnages soient écrit au marqueur gras mais ils sont tous interprétés en roue libre par des comédiens et comédiennes qui en font des caisses souvent pour mon plus grand plaisir d'ailleurs. Mention spéciale pour Wendy la gamine blonde interprétée par Jenny Beck qui oscille entre les grognements de L'Exorciste et l'hyperactivité d'un gosse sous overdose de sucre coupé à la cocaïne, en tout cas la jeune actrice m'amuse beaucoup tant elle semble sous substances durant tout le film.

Troll est une série B qui s'appuie sur un casting assez ludique puisque l'on passe une bonne partie du film à chercher ou l'on a déjà bien pu voir tel acteur ou tel actrice. Alors dans la famille Potter (car oui le héros s'appelle Harry Potter) on trouve le père interprété par Michael Moriarty que l'on a vu dans Pale Rider, Épouvante sur New York, The Stuff et pas moins de 88 épisodes de la série New York Police Judiciaire et dans celui de la mère de famille on reconnaîtra Shelley Hack la Tiffany de la série Drôle de Dames. Leurs enfants sont interprétés par Noah Hathaway popularisé avec son rôle de Atreyu dans L'Histoire Sans Fin de Wolfang Petersen et donc Jenny Beck sorte de Heather O' Rourke sous ecstasys. On aura aussi le plaisir de croiser Julia Louis-Dreyfus (Vue dans Sienfield), Sonny Bonno (le Sonny de Sonny and Cher) et surtout Phil Fandacaro, acteur nain (ou de petite taille selon votre sensibilité) vu pour peu qu'on baisse les yeux dans Willow, Le retour du Jedi ou Land of The Dead. Phil Fandacaro incarne ici un double rôle puisqu'il est à la fois la créature vedette du film et un personnage assez touchant de nain dépressif et fatigué qui sera transformé en un elfe improbable qui ressemble à un mini Danny Trejo gélatineux avec des oreilles de Spock. Niveau effets spéciaux le film est plutôt rigolo avec plein de créatures affreuses et difformes, poisseuses et rigolotes qui à l'occasion chantent en cœur dans un savoureux borborygme disgracieux. On sent clairement chez Jonh Carl Buechler la patte du créateur d'effets spéciaux qui a voulu se faire plaisir avec des tas de monstres quitte à en faire trop. L'orientation grand public du film le range bien plus vers la comédie fantastique familiale que vers le cinéma d'horreur et même si ça manque de souffle épique l'aspect fantasy confère au film un petit semblant d'originalité.

Troll est un film très con mais très divertissant, ce qui est toujours mieux qu'un film très intelligent mais très chiant. En tous cas j'aime Troll'cinéma bis pour ne pas prendre un peu de plaisir devant le film de Jonh Carl Buechler