Joe Kosinski a oublié que Tron était beau parce que son monde était intangible, irréel. Il n'y a pas de ville, de rue, de pont, ni de sol définissable dans Tron. Il n'y a pas de livres, de verres, de mobilier design, de costumes taillés, de véhicules mécaniques qui vrombissent comme dans Fast & furious. Les disques ne sont pas des scies circulaires et ne font pas d'étincelles, il n'y a pas de programmes super bien roulés qui sourient et font du charme ou lisent du Jules Verne, il n'y a pas non plus de foule de programmes qui font une sortie le week-end pour aller crier dans un stade. On ne fait pas de kung fu non plus !! On lance des disques ou des rayons bordel ! Tron, c'est une interface minimale pleine de vide, ouverte sur l'infini, des programmes psycho-rigides qu'il faut contourner, apprivoiser, un monde hostile et étranger, un rêve électrique, pas un vague décor de défilé de mode et quelques couloirs à la Doom-like. Tron n'est pas qu'un jeu, c'est une quête.
Mode big fan off.
J'étais prêt à tous les sacrifices pour aimer ce Tron, même passer outre les dialogues qui se roulent dans la vase abyssale d'un "Furtif" et le scénario néant dans toute sa splendeur. De ce côté là, on atteint malheureusement des sommets ineffables. La relation concepteur / programme régresse à une simple caricature père / fils sans intérêt. Aucune clé nouvelle sur le monde virtuel n'est avancée puisque Flynn a fait mumuse à Sim city d'un grand coup de baguette magique... De la soupe. Tout ce qui faisait Tron est broyé par Kosinski. Résultat, ça empeste le sous Matrix reloaded du pauvre à plein nez. Tout le monde glande sur des canapés de salon VIP et discute de moyens de s'évader pendant des plombes là où Flynn n'arrêtait pas de courir d'un bout à l'autre dans l'original, et découvrait en quelques minutes ce qui prend ici des demi-heures. Les méchants sont odieusement creux et la BO Daft punk médiocre (allez-y, jouez-la nous Phillip Glass...). Les rares bonnes scènes sont celles reprises de l'original et encore, il faut voir la scène de l'arche, un véritable massacre. Les costumes impossibles et l'espèce de croisement visuel entre Star wars et Dark Knight pourraient relever le niveau mais tout est tellement proche d'un Dongeons & Dragons que ça en devient insupportable. La seule bonne idée vaguement originale doit être la chasse finale, un petit feu d'artifice lumineux d'une minute sans aucun intérêt... Et encore, c'est beaucoup trop gentil puisque les 3/4 sont honteusement pompés sur Star Wars... D'un décevant inimaginable.
Jeff Bridges cachetonne à max !! La plupart du temps, c'est son double numérique qui fait le job, et comme un sagouin en plus !
Les trois répliques les plus profondes :
"Je ne suis pas un programme, je suis Sam Flynn..."
"Le soleil, il est chaud, rayonnant, magnifique..."
spoil"Tron, pourquoi m'as-tu abandonné ?..."spoil
ps : Dans Tron, les bandes lumineuses ont une fonction vitale sur le corps. Elles sont plus ou moins intenses, changent de couleurs et sont l'image même de l'entité virtuelle. Ici, elles ne servent plus à rien puisque les costumes impeccables sur lesquels elles sont apposées contredisent leur fonction. Le résultat en devient ridicule de non-sens. C'est juste là pour faire joli et au final c'est ridicule... ça aurait du s'appeler Étron : le ratage