Il aura fallu attendre 28 ans pour que Walt Disney Pictures décide de lancer une suite à un de leurs rares films de science-fiction devenu aujourd'hui culte: Tron. Une immense communauté de fans s'étant créée autour de cette référence de la S-F, le principal défi à relever pour un deuxième volet était d'égaler l'ambition du film original et de ne pas se contenter de sortir un énième blockbuster lambda, la science-fiction étant de plus un genre auquel Disney a peu touché au cours de sa filmographie. Un projet d'envergure en somme.
Joseph Kosinski, qui réalise ici son premier long-métrage, a la tâche de rendre le meilleur des hommages à Tron, premier du nom. Et pour son tout premier film au cinéma, le réalisateur surprend. Si on peut reprocher aux scènes calmes une approche assez plan-plan, Kosinski filme la Grille et ce qui s'y déroule avec une ampleur et un gigantisme parfois à couper le souffle.
L'arrivée de Sam Flynn dans le monde virtuel est ainsi parfaitement mise en images, de même pour les affrontements qui suivent la fameuse scène. L'effet est encore plus saisissant avec l'utilisation de la 3D qui est ici parfaitement maîtrisée.
On pourrait prendre Tron: L'Héritage aussi bien comme une suite que comme un remake que la sensation serait la même. À la fois fidèle et riche en clins d'oeil au film de Steven Lisberger, la nouvelle production design réinvente totalement l'univers de Tron sans pourtant jamais le trahir.
C'est une vision neuve qui magnifie chaque scène se déroulant dans la Grille. Cette suite est une vraie oeuvre visuelle qui tente de marquer le public comme le premier film l'avait fait en 1982. On apprécie encore plus la tentative de rajeunir Jeff Bridges par la performance-capture. Si le résultat est toujours perfectible, l'essai est à saluer.
Contrairement à ce que les bandes-annonces laissaient penser, Tron: L'Héritage n'est pas vraiment un film d'action. Excepté l'arrivée du héros dans le monde de la Grille et le climax, le gros du film se résume à de longues discussions et le tout sur une ambiance très sérieuse.
On est loin du cliché de la production Disney calibrée en terme de ton.
C'est d'ailleurs ce point qui est le plus intéressant, que l'objectif des personnages principaux ne soit jamais de sauver cet univers mais d'en sortir.
Ce monde informatique est considéré comme perdu et ne sera jamais sauvé.
Allant des combats de disques et de Light Cycles au Damier, arène gigantesque où s'affrontent tous les programmes prisonniers du régime mis en place par Clu, aux vaisseaux Recognizers empêchant quiconque de quitter la Cité, la Grille est une prison qui s'étend à l'infini et dont le destin est scellé.
La fin va même faire le contraire du premier film où nos héros vont devoir quitter l'univers dans lequel ils sont emprisonnés d'une manière identique mais les conséquences seront différentes. Là où l'univers informatique dans le premier Tron était libéré de la tyrannie du MCP,
la Grille disparaît avec son créateur dans Tron: L'Héritage
Visuellement ambitieux mais dans le traitement de son scénario, le film a tendance à se perdre. Le long-métrage de Kosinski a un nombre incalculable d'incohérences, de trous scénaristiques et de questions sans réponses au point que cela puisse être dérangeant pour la plupart des spectateurs. Ce que je peux totalement comprendre mais pour moi, Tron: L'Héritage est un pur film à ambiance. Chaque scène est une excuse pour renforcer cet aspect. Le film est globalement assez lent et prend son temps ce qui rend à mes yeux l'univers de la Grille encore plus fascinant à chaque minute. Si on ajoute à cela la bande-originale follement efficace de Daft Punk, je ne peux qu'être profondément attiré par l'univers de Tron: L'Héritage.
Malgré son succès en demi-teinte, ce deuxième volet de Tron a marqué les gens d'une manière ou d'une autre. Sa direction artistique est devenue culte, qui aujourd'hui n'assimile pas des architectures noires teintées de lumières blanches, bleues ou rouges à celles de Tron: L'Héritage?
Parmi toutes les suites que les Studios Disney prévoient pour les prochaines années, pourquoi avoir annuler le troisième volet de Tron? Ça serait de loin un des projets les plus intéressants à suivre et il n'y aurait aucune perte d'argent, le deuxième film ayant rapporté et acquis une petite popularité.
Je croise les doigts pour que Tron: Ascension voit le jour.
Comme diraient les fans: Tron Lives.