Tron: L’Héritage.


Jamais un film n’aura été aussi parlant pour moi que par ce titre. J’ai eu la chance à l’époque de le voir en 3D au cinéma et je me souviens que sans même avoir vu le film, j’écoutais sans m’en lasser la BO. J'ai toujours eu un profond attachement pour lui, pour son univers et son message de fond. Dix ans après sa sortie, il est temps pour moi de faire un point sur les qualités tout comme les défauts de l'oeuvre.


Résumé rapide du film


Poussé par le désir de retrouver son père qu'il a peu connu Kévin Flynn, Sam Flynn sera transporté dans le monde que son paternel lui a tant décrit étant plus jeune. Sauvé par Quorra, dernière représentante des ISO, une espèce disparue, et également seul personnage féminin mis en avant dans le film, Sam va donc retrouver son père. Après plusieurs péripéties, Sam et Quorra vont s'échapper et Kévin va fusionner avec CLU, son propre programme qui s'est retourné contre lui, ce qui détruira La Grille.


A l'image


Tron L'Héritage possède une esthétique forte: dans un monde où la nuit est omniprésente, seules les nuances rouges et bleus néons contrastent avec le décor. Des lignes géométriques et épurées viennent souligner les parties de l'anatomie humaine tout comme les bâtiments et les véhicules. Cela donne plus d'impact lorsque les deux sont liés, notamment dans les scènes de déploiement des lumicycles. Les costumes sont classes, les décor sont immenses et immersifs: l'univers de La Grille est original et visuellement impressionnant. Petit bémol: les vieux livres de brocante chez Flynn ça fait un peu old school.


Le son


Dans ce film, le travail de composition musical est juste hallucinant. De la scène d'action épique à la scène de retrouvailles, sans parler du climax final, toute au long du film la BO transcende littéralement le film et immerge le spectateur dans cet univers digitalisé.


Les acteurs


Jeff Bridges est très convaincant dans son rôle de déité déchue, tout comme dans son alter égo (même si effectivement son lifting numérique peu en rebuter plus d'un). Olivia Wilde est également à sa place, même si son personnage souffre de quelques défauts d'écriture tout comme Garrett Hedlund. L'acteur qui interprète Sam Flynn a un jeu plutôt moyen sur certaines scènes et possède le défaut très standardisé de balancer cinquante punchlines plutôt moisies ce qui n'incite pas à s'attacher à lui. Le reste du casting tient la route et subit plutôt des problèmes de personnification que d'acting en soi.


La mise en scène et le montage


La mise en scène est classique mais ça fonctionne plutôt bien dans l'ensemble. On pourrait reprocher un manque de clarté dans certaines scènes d'actions, mais d'autres sont tout simplement jouissives (notamment la scène de lumicycle et de vaisseau à la fin).


Le message de fond


L'essentiel de l'histoire se déroule dans un univers informatique programmé par Kévin Flynn: La Grille. Il s'agit d'une version différente du monde réel; ici les programmes sont humanisés et évoluent dans une ville certes futuriste mais reprenant toutefois certains archétypes de notre société du 21ème siècle. Les programmes se nourrissent et se divertissent, ils utilisent des moyens de locomotion (moto/train/avion) et ressentent des émotions tout comme les humains. Le seul signe distinctif est leur disque de données qui leur est propre à chacun. C'est donc un premier parti pris fort que le film choisit de faire: celui de la dualité, entre la réalité et son reflet numérique. Dans ce monde digitalisé, Kévin Flynn est ici comme Dieu aux premiers jours de la Création. Inspiré du monde duquel il provient, celui-ci va avoir ici pour objectif de créer la perfection dans son concept le plus pur et de l'offrir au monde qui lui est si cher afin d'améliorer celui-ci, comme une sorte de mise à jour de système d'exploitation. Reprenant les mêmes paramètres que le monde réel, ce désir sera d'autant plus motivé par cette ambition de laisser un héritage aux nouvelle générations, représentées symboliquement dans le film par son propre fils.


Afin de faciliter son grand projet, Flynn créera CLU, son "fils" numérique et également miroir de sa propre identité afin de relayer ses directives. Il reprendra également le programme Tron crée par son ami Alan afin d'assurer la protection du système. Conçu sur l'objectif de créer un monde parfait, CLU à travers ses sentiments et la mission capitale que lui a confié son père, va développer sa propre vision du monde parfait. Tout comme un enfant cherche à s'émanciper de sa relation avec son père, CLU va suivre une direction parallèle de Flynn pour atteindre le même objectif que lui mais par ses propres moyens. C'est donc avant tout en recherchant l'amour et la fierté de son père que CLU développera également de la jalousie pour le monde réel et pour le "vrai" fils de Kevin Flynn, Sam Flynn.


C'est alors que vient le "miracle". Une nouvelle civilisation voit le jour, les ISO. C'est à cet instant précis qu'il y aura une césure importante entre Flynn et CLU. Le premier acceptera avec sagesse ce "cadeau", fruit d'une variable dépassant ses connaissances et son savoir tandis que CLU refusera d'accepter cet imprévu dans l'équation et nourri par la jalousie et le ressentiment, se rebellera contre son "père". Ainsi donc, Flynn s'exilera pour échapper à CLU. Tron, son protecteur, sera neutralisé et reprogrammé, les ISO seront anéantis, et Flynn sera bloqué dans le monde numérique, laissant le champ libre à CLU de reprogrammer La Grille à sa guise. Celui-ci supprimera donc le libre arbitre inculqué par Flynn et instaurera une dictature totalitaire dans le système en développant un plan pour se débarrasser du fils de Flynn tout en ayant un moyen d'envahir le monde réel.


Tout au long de son histoire, Kévin Flynn est partagé dans ce triangle amoureux, entre un fils réel qu'il rêve d'emmener dans un système jugé trop imparfait pour l'accueillir et un programme numérique qui ne connaîtra jamais l'amour d'un père. C'est la cruauté de ces relations qui va rendre le fond du film touchant, notamment lorsque l'on retrouve Kevin Flynn vieux, rongé par le regret, la culpabilité et l'abandon. Tout comme Icare cherchant à atteindre le soleil, celui-ci a perdu ses ailes au moment d'atteindre le soleil et en a payé le prix fort: la perte de tout ce qu'il a construit ainsi que de la possibilité de retrouver son fils. C'est en méditant sur ses actes que celui-ci se rendra finalement compte que la perfection n'existe pas et qu'il est vain de chercher si loin quand ce que l'on aime est à porter de main. Il est également intéressant de souligner à quel point CLU se nourrit des faiblesses de son créateur: tout d'abord guidé par l'orgueil d'un objectif inatteignable, celui ci va alors provoquer Flynn en faisant venir à lui la dernière chose auquel celui-ci tient: son vrai fils, Sam. Car lui aussi, comme CLU, a subit l'absence d'un père, et nourri une certaine rancoeur envers lui et c'est pourtant grâce à lui et son entêtement qu'il poussera Kevin Flynn à se confronter à CLU. C'est finalement en faisant preuve de sagesse que Kevin Flynn pardonnera à CLU, comme un père pardonne à son fils ses caprices et sauvera Sam et Quorra de ses erreurs passées. De plus, en sauvant Quorra, il atteint son objectif et laisse son héritage pour le monde réel.


On retrouve également la notion de "jeu" dans ce film, tout y est présenté comme tel et même CLU considère ses objectifs comme une simple partie d'échecs avec son créateur. L'univers visuel et la construction même du film renforce cette impression: les rouges contres les bleus, l'arène et les combats de disque, les courses de lumicycle, la course-poursuite en vaisseau, et le boss final avant de terminer le jeu. Tout est une question de stratégie et seul le plus fort connaîtra la jouissance de gagner la partie.


Pour conclure


Je conseille vivement ce film à mon entourage (même si j'espère que toi cher ami lecteur tu l'ai vu avant de prendre le temps de me lire). Je trouve le propos de fond de cette oeuvre suffisamment développé pour que l'on prenne le temps de s'y attarder. L'univers est riche, les scènes d'actions sont épiques. Même si le film souffre de quelques défauts comme certains problèmes d'écriture de personnage et que beaucoup de questions sur l'univers restent sans réponse, il reste tout de même une oeuvre que j'ai plaisir à revoir à chaque fois.


"Je combats pour les concepteurs!"

Enkiriel
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le 13 avr. 2020

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