6/10 avec une recommandation.
Ce documentaire est un intéressant travail de recherche d'archives et de vulgarisation. On y voit de belles images aériennes de parcs à résidus abandonnés, ou de Rouyn-Noranda, les images d'archives présentées durant toute la première moitié du film sont pour certaines vraiment intéressantes et rendent compte de la vie au temps de la ruée vers l'or (ou le nickel, pour Sudbury) industrielle de la première moitié du XX° siècle.
Mais comme le dit une représentante d'Agnico Eagles dans le documentaire, ce temps est révolu. J'ai du mal à cautionner l'utilisation de faits accomplis par des personnes n'existant plus pour étayer une critique (peut-être justifiée, dans tous les cas pertinente) quant au fonctionnement actuel de la redistribution économique résultant de l'exploitation des sous-sols québécois ou ontariens.
Les enjeux sociaux sont traités de façon intéressante tout au long du film, ce sont eux le fil d'Ariane. Cependant on peut regretter certaines vulgarisations douteuses. Notamment lorsque Desjardins nous raconte qu'un tiers des habitants de Noranda, autour de la fonderie Horne, meurent plus jeunes que l'espérance de vie nationale (et 50% des mineurs de la mine Noranda), on se pose la question : l'espérance de vie moyenne est-elle éloignée de l'espérance de vie médiane ? Je n'ai pas la réponse et ne l'ai pas eue en regardant trou story (en même temps on s'en fout un peu), mais enfin, bon si on considère une espérance de vie à, admettons, 75 ans, je pense qu'environ la moitié des gens meurent avant 75 ans, non (à Cobalt, il est précisé que les mineurs meurent à 46 ans en moyenne, ce qui est bien plus clair) ? Enfin, ce détail pour illustrer les quelques approximations dérangeantes inhérentes à un travail de vulgarisation réalisé par des non-spécialistes. Pour rester du coté social, le passage où un médecin vous explique que les enfants mangent de la terre. Bon, voilà. Ou encore les interviews d'anciens de Malartic ont l'air d'être là pour nous faire soit sentir mièvrement empathiques, soit pour nous amuser un peu de façon malsaine (dans la salle, à Rouyn donc à 1 heure 45 minutes de route, les gens ont ri).
Pour ce qui est de la dimension technique, on relève encore quelques points inexacts. Le projet Osisko de Malartic doit effectivement excaver 55 kilotonnes/jour quand il aura atteint son rythme de croisière. Cependant l'ancien mineur qui nous explique qu'il faut ajouter à cela les stériles et que ces 55kt représentent la masse d'"ore" semble un peu oublier qu'ici le projet est à ciel ouvert, sans galeries. C'est un peu malhonnête de comparer avec "l'ancien moulin" qui tournait à 2000 tonnes/jour, car, en effet, il est ancien.
L'aspect environnemental passe à mon avis un peu trop au second plan, avec une interview dans une swamp et une autre dans un parc à tailings. L'intervenant va un petit peu vite en expliquant que le drainage minier acide est du à des bactéries, en présence d'eau, d'air, et de résidus sulfurés. Les bactéries peuvent, parfois, catalyser la réaction d'oxydo-réduction des pyrites sulfurées responsable de la baisse de pH, de plus s'il y a effectivement besoin d'air, les méthodes actuelles de réhabilitation (mannitou goldex par exemple) prévoient de saturer les résidus générateurs d'acide en élevant artificiellement le niveau des nappes phréatiques au moyen de digues, pour justement, réguler le dma. Enfin, voilà, pour dire que l'on apprend beaucoup sur la sphère financière et le climat cow-boys qui règnent toujours dans l'industrie minière, mais qu'il faut prendre les informations avec un regard critique, c'est un 6/10 avec recommandation !. Et, dommage que la musique soit aussi basique, pour un film de Desjardins !
CapitaineS
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le 15 nov. 2011

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