En 2007, José Padilha livrait une petite bombe urbaine sur fond de dénonciation politique et imprimait son nom dans les cervelets de tout bon cinéphile qui se respecte. Sans faire l'unanimité, provoquant même parfois de vifs débats portant sur le côté sans concession de Troupe d'élite, il s’était fait toutefois une place dans les esprits, la fougue de sa mise en scène l’ayant propulsé en tête de liste des réalisateurs à suivre. Son Troupe d’Élite 2 est donc attendu au tournant et c'est avec assurance qu'il est au rendez-vous : avec cette suite directe de son massif premier coup de latte, l’homme évite les écueils du film opportuniste et récidive en livrant un uppercut rageur encore plus dense que le précédent.


En se focalisant encore plus sur la critique d'un pays qu'il considère comme complètement corrompu, il dresse un bilan amer du système politique brésilien. Et s'il abandonne pour le coup la violence très frontale du premier film, c'est pour s'intéresser davantage aux rouages d’un système vérolé dont les magouilles constantes permettent au pouvoir de changer sans cesse de main. Si à nouveau, la charge critique de Padilha manque parfois de nuance, difficile toutefois de rester insensible à sa prise de position franche qui témoigne de son implication la plus totale.


Mais réduire le film à un simple brûlot politique serait lui faire injure tant il contient une nouvelle fois bien plus que cela. Formellement parlant, on retrouve la percussion qui était la marque de fabrique du premier film, l’homme compose des séquences musclées toujours plus immersives. A nouveau, il propulse sa caméra au coeur des favelas, faisant voltiger ses optiques au plus près de l'action. A chaque séquence coup de poing, le palpitant s'accélère et l'adrénaline afflue, c'est tout simplement virtuose en terme de gestion de rythme.


Cette puissance endiablée que José Padilha parvient à insuffler aux scènes fortes de Troupe d'élite 2 lui permet de les raréfier. Il peut ainsi développer bien plus ses personnages que dans son premier film en leur offrant la nuance qui leur manquait. Nascimento, toujours aussi superbement servi par l'excellent Wagner Moura, gagne en profondeur et permet au spectateur de s'identifier à son personnage bien plus que dans le premier opus. Il est plus aisé, notamment, de s'impliquer dans sa quête de justice et de partager la haine qui le submerge au fur et à mesure qu’il se rapproche du cœur pourri d’un fruit contaminé jusqu’à son noyau. Tous les personnages qui gravitent autour de sa personne sont également bien exploités et permettent aux 2 heures du métrage de filer à toute vitesse.


Troupe d'élite 2 est une suite on ne peut plus réussie qui apporte au diptyque une petite once de nuance bienvenue, même si elle garde tout de même ce côté sans compromis qui, n'en doutons pas, énervera une nouvelle fois les détracteurs du premier film. Pour ma part, j’en serai presque quitte pour tenter le remake de Robocop dans lequel s’est fourvoyé Padilha après ce film, tant j’ai pris du plaisir à suivre ses diablotins du BOPE dans leur combat sans relâche pour épurer Rio de ses plus mauvaises graines.

oso
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le 11 mars 2016

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