Truands est à ce jour le premier, et seul, bon film de Schoendoerffer. Alors qu'on ne retient de ses précédents longs qu'une image brouillonne et prétentieuse, celui-ci révèle une certaine maitrise de son sujet, agréable pour un film de genre français. Le réalisation froide (mais non dénuée de style) colle parfaitement à l'univers sans pitié de cette mafia française de haut vol, abrutie par l'argent, les conflits d'intérêts et la soif de pouvoir de chacun.
Rien que les dialogues méritent une mention spéciale pour leur capacité à montrer si parfaitement la beauferie de ces héros. Car ici, autant prévenir, on n'est pas dans la finesse du Parrain. Non non... C'est plutôt la bêtise crasse des "hommes de pouvoir" satisfaits de leur condition, toute relative. C'est du lourd qui tâche, et ça arrache souvent des sourires tant ça pique les oreilles.
Caubère, plus connu pour ses rôles de théâtreux, et la gentillesse de "La gloire de mon père", casse son image avec force, et s'investit sans limite dans son rôle. Quand il explique que "lui ne se beurre pas la raie", on a plutôt envie de le croire sur parole... Une vraie bonne surprise, qui à elle seule mérite le coup d'œil.
Magimel mêle efficacité, justesse et discrétion comme à son habitude, et Dalle fait du Dalle, mais ça fonctionne.
Seul erreur à mon goût, Tomer Sisley, ridicule dans son imper en cuir.
Avec son lot de scènes violentes, de manipulations et sourires hypocrites, Truands est un bon film de mafia français.
C'est suffisamment rare pour être applaudi.