God's gonna cut you down.
Après le très étrange et abscons "A serious man", les frangins Coen reviennent à un cinéma plus accessible, adaptant le roman éponyme de Charles Portis, quarante ans après "Cent dollars pour un shérif". Autant je n'avais pas accroché à la version d'Henry Hathaway, autant j'ai pris un pied pas possible devant celle des Coen.
Produit par Steven Spielberg, "True grit" rend un bel hommage au western à papa, à un cinéma hollywoodien d'une grande noblesse, tout en conservant une patine rugueuse héritée du western de la fin des 60's, sans la violence exacerbée et l'aspect contestataire, cela va sans dire. Les cinéastes s'amusent également avec la figure intouchable et mythique du héros de l'ouest, présentant ses "légendes" comme des gâchettes fatiguées, à l'image d'un Jeff Bridges apparaissant pour la première fois... aux gogues.
Loin de n'être qu'une énième tentative de résurrection d'un genre qui ne mourra de toute façon jamais vraiment, "True grit" est un parcours initiatique touchant, qui va droit au coeur, culminant lors d'un final proprement émouvant. Bien que naviguant dans un genre à priori inédit pour eux (quoique "No country for old men" pourrait être qualifié de western moderne), les frangins Coen s'approprient leur commande avec une force tranquille désarmante, apportant un humour décalé et un surréalisme salvateur à une oeuvre qui aurait pu sombrer dans un académisme plombant.
Mis en scène avec la virtuosité coutumière des frangins, porté par la photographie magistrale de Roger Deakins et par un casting de pures gueules, allant d'un Jeff Bridges délicieusement cabotin à un Matt Damon excellent en benêt droit dans ses bottes, en passant par les patibulaires Josh Brolin et Barry Pepper, sans oublier la jeune Hailee Steinfeld, parfaite, "True grit" est un bel exemple de cinéma hollywoodien dans le sens le plus noble du terme.