I killed twelve, maybe fifteen

Ce western a la classe interstellaire. Au-delà de l'accent incompréhensible de Jeff Bridges, du minois de la petite Hailee ou du jeu d'acteur bluffant de Matt Damon.

Le Coen maîtrisent parfaitement le genre, usant, à leur habitude, d'un décalage humoristique réussi et d'un casting absolument impeccable. C'est astucieux, rythmé et stylé, chaque plan s'impose avec conviction et on ne s'ennuie pas une seconde.

Là où le bât blesse, à mon avis, c'est du côté de l'histoire. True Grit, comme chacun sait, est inspiré du roman du même nom, lui-même déjà adapté par le passé par Henry Hathaway. Mais les Coen s'en défendent : ce n'est pas un remake. Très bien. Dommage que le récit, au-delà de ses personnages succulents, n'ait que peu d'intérêt. Une fillette veut venger la mort de son père, elle s'achète l'assistance d'un Marshal et d'un Ranger, ils poursuivent le méchant, des gens meurent et perdent des phalanges. Le film se termine sur un "25 ans plus tard" relativement dispensable.

N'ayant pas lu le livre, je vais supposer que les Coen on fait ce qu'ils ont pu avec ce qu'ils avaient. En même temps, l'obligation de coller au genre western tue dans l'œuf toute tentative de pirouettes scénaristiques. Vous n'y trouverez ni l'audace d'un A Serious Man, ni l'ingéniosité comique d'un Fargo. Mais on passe sans contredit un très bon moment, et la petite Steinfeld est décidément à surveiller.

J'hésite entre un 7 et un 8, à vrai dire. Déchirant.

(Et si seulement Jeff Bridges s'était contenté d'avoir un accent incompréhensible. Il a en plus fallu qu'il vire complètement le concept d'élocution, ce qui fait que "I killed twelve, maybe fifteen" est à peu près la seule réplique de son personnage que j'aie comprise de tout le film. Certes, j'exagère, mais ça demande une concentration olympique, soyez prévenus.)

Oh, et : na, je l'ai vu avant vous tous, bande de larves.