Comme les frères Coen, je me dis parfois "Ah putaing que la vie est impitoyable et/ou hasardeuse". Sauf que moi je n'ai ni le talent, ni l'argent de ces braves gens pour en faire des films. Alors, à défaut, je critique et je me sens mieux en crachant sur le travail des autres. Si au moins je peux en dégoûter un ... (*)
Si vous avez vous aussi 142 ans au compteur, vous aurez vu la version initiale de True Grit avec John Wayne, qui lui valu finalement son oscar avant de pouvoir enfin s'éteindre dans des rôles sans réel autre intérêt que de rentabiliser son nom. Vous aurez également lu la nouvelle de Charles Portis d'où est tirée l'histoire.
Grand bien vous fasse, j'étais quand à moi occupé à faire une foule d'autres choses passionnantes comme de regarder l'Agence tout risque en retard et de m'endormir en essayant pour la quinzième fois de lire Sur la route. So long pour le commentaire comparatif qui m'aurait permit d'étaler mon impressionnante culture.
Du coup, je ne peux pas souligner qu'un des premiers plans de True Grit montre volontairement le train qui s'arrête. LE PUTAIN DE TRAIN QUI S'ARRÊTE FAUTE DE RAILS. Ce qui parle à tout américain qui se respecte, mais qui ne dit rien à un français pourtant si sûr de sa culture, genre : ça signifie qu'on est sur l'époque de la fin des cowboys mythiques, et qu'on se rapproche de l'Amérique moderne. Et ouais, l'ouest est encore un peu "sauvage". Bon, je brode, parce que dans le film l'action se passe en Arkansas ce qui voudrait dire qu'on est tôt dans l'Histoire, alors que dans la nouvelle c'est le Colorado, ce qui signifie que les cowboys sont bientôt chose du passé. D'ailleurs les deux placent l'histoire en 1880, mais vous n'en avez probablement rien à foutre car ce petit détail ne signifie rien pour vous. Pour moi, ça signifie que la guerre de Sécession est terminée et que la majorité des adultes à l'écran sait se servir d'une arme, et que l'époque à laquelle un petit con peut flinguer tout le monde comme si il était chez lui est belle et bien finie aussi. Et ouais. Bluffés, hein ?
(pas du tout, je sais)
D'ailleurs j'ai tellement raison qu'à la fin du film, pour bien souligner le côté "Les cowboys sont chose du passé". Enfin bref quoi, j'ai raison.
Or donc, le train s'arrête. La fillette sort et mange l'écran avec ses répliques qui tuent, ce qui permet d'accepter le reste de la proposition. Oui, la fille joue bien. Oui, Jeff Bridges à juste à être Jeff Bridges pour être cool, je n'ai pas vu Josh Brolin tellement il fait bien le boulot et oui, Matt Damon parvient à ne pas être Matt Damon pendant tout un film, ce qui nous aide vachement à ne pas être distrait par sa présence dans un western. Donc, super direction d'acteurs.
Côté cowboys c'est bien, y'a (un tout petit peu) de sable, des chevaux, un duel et une fusillade, des méchants qui grimacent et des gentils qui se prennent des balles. Évidement, on est chez les frères Coen. Ça les ferait chier de nous filer un happy-end, déjà qu'ils ont frôlé le truc avec The big Lebowski. Si je vous ai spoilé, c'est que vous n'avez jamais vu un de leurs films, je vous recommande donc plutôt de commencer en douceur avec No Country For Old Men.
L'avis du monsieur, parce que mon analyse on s'en fout ? Quand je suis sorti du cinéma, j'avais tellement envie de tabasser le premier venu que je suis rentré à pied au lieu de prendre les transports en commun. Je suppose que pour un western c'est pas si mal. L'esprit y est. Par contre, lâchez-moi avec les Oscars pour tout le monde. Bon film, sympa, mais on rentre quand même tout seul à la maison. Je veux bien qu'on rigole avec les répliques de la petite et la débilité de deux hommes de loi, qu'on vit quelques poussées d'adrénaline savamment distillées par les deux gringos, mais tout de même y'a pas, on a vu mieux même dans ce genre là.
Mais allez le voir quand même, c'est les Coen, tout le monde va se sentir obligé d'en dire du bien, sauf les types qui veulent se rendre intéressants.
(*) Ceci était une tentative d'auto-dérision dans le but de vous mettre dans l'état d'esprit adéquat pour aller voir ce film.
