Commençons par la case notation de 1 à 10. J'attribue sans hésitation la note 10 avec mention Excellent. Il ne faut pas compter quand on aime. True mothers de Naomie Kawase... Pour ceux qui auraient un peu oublié leur anglais : véritables mères ou vraies mères, mères au pluriel, et le thème est posé sur la table.


Deux équations sont au centre du film. Un jeune couple vit douloureusement sa difficulté proche de l'incapacité à concevoir un enfant et font le choix d'une adoption plénière. Une collégienne de 14 ans est enceinte par imprudence et sa famille ne supporterait pas la honte et l'opprobre qui ne manquerait pas de rejaillir sur elle si cela devait se savoir. Comme la grossesse est découverte trop tardivement, aucune interruption volontaire n'est possible et l'enfant va naître.


Hikari/ Aju Makita quitte le collège pour vivre la fin de sa grossesse à Baby Baton, un foyer d'accueil pour jeunes mères célibataires en difficultés. L'accueil bienveillant dans ce havre de paix par sa responsable ShizueAsani/Miyoko Asada est une véritable respiration dans l'histoire des pensionnaires. Baby Baton n'est pas que ce lieu de vie apaisée, il est également le lieu où un enfant rencontre des parents adoptants.


Naomie Kawase ne néglige aucun détail de la vie de chaque protagoniste de l'histoire qui s'est tissée autour du petit Asato/Reo Sato. De brefs flash back éclairent avec soin les évènements significatifs de la vie de chacun. Une photographie délicate faite d'ombres légères et de lumières douces font davantage penser à un travail au pinceau qu'à la caméra. Elle invite à se glisser dans le film, ses paysages et ses sonorités sans jamais oublier la gravité du propos. Nous sommes au cinéma, du beau cinéma, du travail d'artiste, du travail d'artisan.


L'argument du film est universel et aucune société n'y échappe. Il est difficile d'être mère quand on est encore presque une enfant, il est difficile de ne pas avoir d'enfant quand c'est le vœu le plus ardent. Chaque société se doit d'inventer les réponses satisfaisantes pour l'enfant mais également pour les deux mères. Naomie Kawase s'y est employée. Avec bonheur.


A ma notation de début, j'ajoute un commentaire. Je vous recommande d'aller voir le film de Naomie Kawase, toute affaire cessante. Cette réalisatrice japonaise mérite une standing-ovation pour avoir traité avec une méticulosité extrême un sujet délicat et universel qui réveille
notre humanité profonde pour le cas où elle se serait quelque peu assoupie.

Freddy-Klein
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 31 juil. 2021

Critique lue 3K fois

11 j'aime

Freddy Klein

Écrit par

Critique lue 3K fois

11

D'autres avis sur True Mothers

True Mothers
Freddy-Klein
10

Critique de True Mothers par Freddy Klein

Commençons par la case notation de 1 à 10. J'attribue sans hésitation la note 10 avec mention Excellent. Il ne faut pas compter quand on aime. True mothers de Naomie Kawase... Pour ceux qui auraient...

le 31 juil. 2021

11 j'aime

True Mothers
Cinephile-doux
6

Mer et mères

Depuis quelques films, le cinéma de Naomi Kawase, habituée du Festival de Cannes, adopte des structures narratives plus classiques après une période précédente contemplative, voire hermétique (La...

le 9 févr. 2021

9 j'aime

2

True Mothers
BMR
7

Immersion dans le Japon urbain d'aujourd'hui

Après plusieurs films très contemplatifs (Still the water et surtout les fameux Délices de Tokyo), la japonaise Naomi Kawase adopte un ton plus narratif (qui flirte même parfois avec le ton d'un...

Par

le 7 août 2021

3 j'aime

Du même critique

Papicha
Freddy-Klein
9

Critique de Papicha par Freddy Klein

Les mustangs sont indomptables. Nedjma, 18 ans, étudiante, se faufile le soir à travers le grillage qui entoure sa cité universitaire. Elle rejoint une amie pour se rendre dans une discothèque huppée...

le 24 mars 2023

43 j'aime

6

L'Appel de la forêt
Freddy-Klein
1

Critique de L'Appel de la forêt par Freddy Klein

Quand l'écran s'est éteint et quand la lumière est revenue, j'ai vu au fond de la salle Jack London adossé à un mur. Son beau sourire n'illuminait plus son visage et je vis une larme couler sur sa...

le 20 févr. 2020

27 j'aime

7

Des hommes
Freddy-Klein
7

Critique de Des hommes par Freddy Klein

Les hommes allaient à la guerre, de gré ou de force. Les mères et les sœurs attendaient leur retour quand eux-mêmes rêvaient de la quille.La guerre d'Algérie qui n'a pas voulu dire son nom, et qui...

le 5 juin 2021

18 j'aime

3