Depuis quelques films, le cinéma de Naomi Kawase, habituée du Festival de Cannes, adopte des structures narratives plus classiques après une période précédente contemplative, voire hermétique (La forêt de Mogari, Still the Water). Mais il y a toujours avec elle ce goût de la nature, largement présente dans True Mothers, avec notamment de nombreux plans de mer. Mais le grand sujet dans le film, ce sont les différentes façons d'être mère. Adoptive ou biologique, chacune des perspectives est longuement développée avec deux immenses flashbacks qui entourent le présent. L'architecture du récit de True Mothers est habile et plaisante, quoique étendue sur une longueur excessive de 140 minutes, suscitant une forme de suspense, même si le film n'est en rien un thriller. Plusieurs scènes flirtent avec le documentaire, en particulier celles se situant sur une île près d'Hiroshima où une agence d'adoption veille sur des jeunes filles avant leur accouchement. True Mothers est marqué par la plus grande bienveillance à l'encontre des deux mères, traitant les sujets de la grossesse des mineures d'une part, et l'infertilité, d'autre part, avec une belle pudeur et une certaine élégance. Reste que parfois le film sort un peu trop les violons et verse dans le mélodrame, sans véritable retenue. C'est le cas dans son dénouement à la fois improbable, candide et lacrymal.