Ca me fait chier de le dire mais je suis un incurable romantique. Je ne peux m'empêcher de croire en l'amour véritable, en ce lien incassable entre deux êtres malgré les embûches du quotidien. J'aime l'idée que l'on peut se réveiller chaque jour de notre vie aux côtés de la même personne et l'aimer comme au premier jour. D'un autre côté, j'aime le sang, la tripaille, la castagne, bref j'aime la viande. J'aime quand ça craque, quand ça gicle, quand ça se fritte. J'aime péter des dents et m'exploser les rotules. Comme dirait Marv dans "Sin City", je me serais plu en plein milieu d'une arène de gladiateurs. Alors quand un film réunit mes deux passions, mon petit coeur ne peut qu'imploser de bonheur.
Crachant tout ce qu'il a dans le coeur et dans les tripes, Quentin Tarantino, qui signe ici un de ses premiers scénarii, nous livre sa vision toute personnelle de l'amour, aussi violente que romantique, d'une infinie tendresse et d'une naïveté proprement désarmante, enfantant sans aucun doute le couple le plus attachant et émouvant qui soit en la personne de Christian Slater (sorte d'alter-ego fantasmé de Tarantino) et Patricia Arquette, véritables gosses en roue libre qui vont tenter de survivre dans un monde gangréné par la violence et le vice. De ma mémoire de cinéphile, je n'ai pas le souvenir d'avoir éprouvé autant d'amour pour des personnages, d'avoir autant prié pour une issue heureuse.
Délaissant judicieusement la structure éclatée du scénario original, Tony Scott, qui prouve ici qu'il est un metteur en scène injustement sous-estimé, s'éfface pour mieux donner vie aux mots de Tarantino, tout en faisant preuve d'un savoir-faire indéniable. Réunissant un casting incroyable, il offre le film ultime à voir en couple (de l'action pour monsieur, de la romance pour madame ou inversement), concentré de cinéma aussi fun que déchirant, parfois même éprouvant (le passage à tabac de Patricia Arquette), culte à plus d'un titre (la confrontation entre Dennis Hopper et Christopher Walken, inoubliable) et culminant dans un hommage grandiose à John Woo, dont la mélodie empreintée au "Badlands" de Terence Malick restera longtemps gravée dans vos mémoires.
Je n'apprécie pas ce film, je l'aime de tous mon coeur de grand malade bipolaire.