True Romance, c'est, avant toute chose, un scénario. Tarantino, au top de sa forme, revisite Sailor & Lula ou La Balade Sauvage, suivant l'itinéraire d'un couple de paumés fous amoureux derrière lesquels s'amoncellent les cadavres, folle équipée rythmée par des punchlines titanesques. C'est aussi le film le plus personnel que Tarantino aie signé, tant on peut voir des correspondances entre le Clarence obsédé par le King, les films de kung-fu (et plus généralement le cinéma asiatique) et plus généralement par certains des remugles les plus honteux de la pop culture, et le QT que nous connaissons.
Mais True Romance, ce n'est pas que ça. True Romance, c'est aussi un casting exceptionnel, avec lequel seul Le Grand Détournement peut rivaliser. Tous, de Walken à Arquette, de Gandolfini à Slater, sont géniaux, et semblent s'amuser comme des fous dans cet immense terrain de jeux qu'est le script de Tarantino. Du coup, les scènes d'anthologie sont au rendez-vous, comme des tox à Stalingrad le jour des allocs: les monologues de Slater sur Elvis, la scène du parc d'attractions, les face-à-face Oldman / Slater, Gandolfini / Arquette, la fusillade finale, et bien évidemment la confrontation entre Hopper et Walken. Deux des acteurs les plus cools de l'histoire du cinéma américain, face à face, discutant d'histoire et de la façon dont les siciliens sont devenus bruns aux yeux bleus, c'est... Y a pas de mots.
True Romance, enfin, c'est le meilleur film de Tony Scott. Très grand technicien, sorte de Steve Vai du cinéma ,le petit frère de Ridley est capable du meilleur comme du pire, le résultat dépendant à la fois de la qualité de son scénario et de sa capacité à ne pas se laisser emporter par sa propre virtuosité. Je ne sais pas si je vous ai dit à quel point le scénario de ce film est génial, du coup je vous le dis, et j'évacue le premier point; et en ce qui concerne le second point, Scott resserre le propos, évite le montage hystérique proto-Michael Bay, et dynamise le propos sans jamais le rendre illisible. Bref, il se met au diapason de tous les protagonistes du film.
Il y aurait 100 000 autres choses à dire sur ce film (Gandolfini!! les flics joués par Sizemore et Chris Penn!! le thème de Badlands réutilisé par Hans Zimmer!! Y a même un clin d'oeil au Syndicat du crime 2!!) mais je préfère m'arrêter là. Le monument trône, il s'appelle True Romance, ce serait con de passer à côté.