True Story of a Woman in Jail: Sex Hell par Alligator
Petit WIP pinku fort honorable mais pas non plus extraordinaire.
J'ai bien aimé le travail formel de Kôyû Ohara, son usage immodéré de la contre-plongée, sa caméra aventureuse, ses gros plans esthètes, les compositions intelligentes de certains de ses cadrages et la très jolie photographie de Yonezô Maeda. Sur la plupart des productions de la Nikkatsu à l'époque, l'image est très élégante, d'une suavité recherchée. Ici le travail sur les couleurs est par instants remarquable. Le style est bien maîtrisé malgré de nombreuses séquences sombres. La photo est veloutée comme de coutume avec la Nikkatsu. Les couleurs un peu passées donnent au film une impression de mélancolie qui est totalement en phase avec l'histoire contée.
Sur un WIP, il est difficile de trouver un argument qui sorte de l'ordinaire. Avec ce film, ce sont des femmes jalouses et trompées qui finissent en taule, hantées par leur crime, ou plutôt non, par leur vengeance. Elles tiennent debout grâce aux souvenirs. Le passé les relie à l'avenir. Elles ne renient pas leur crime, bien au contraire. Femme bafouée ne signifie pas forcément femme d'honneur. Ce qu'elles traînent, c'est plutôt l'amertume née du chagrin d'amour.
Les personnages sont plutôt bien écrits, sensés. Le récit en est plus aisément lisible. Les rythmes de lecture dont également bien maîtrisés. Bonne écriture et bonne mise en scène (même si certaines actrices ne jouent pas très bien). On ne s'ennuie pas en tous les cas. Certes, on pourrait ajouter aussitôt qu'on ne s'emballe pas non plus.
Trois ou quatre portraits de femmes ressortent d'avantage, autant de types de souffrance féminines : folie, amour, vengeance mènent les héroïnes vers des destins différents mais tous très noirs. On ne dira jamais assez que les pinku-eigas sont aussi bien des films noirs que des films érotiques.
Certaines comédiennes ne sont pas éblouissantes, notamment Hitomi Kozue que je trouve très fade, trop mal à l'aise, jolie mais fade alors qu'elle est au centre de la narration.
Je retiens alors Meika Seri que j'aime beaucoup depuis que je l'ai découverte dans l'intense "Marché sexuel des filles" de Noburu Tanaka. Elle est encore une fois étonnante, amoureuse de son mac, capable de dégager une grande force mais aussi une fragilité très émouvante.
Maya Hiromi et celle que je crois être Rie Ozawa ont la particularité de ne pas être convaincantes quand elles ont du texte à dire, mais parviennent sur les autres types de scènes à y insuffler une puissance charnelle habitée.
Rie Ozawa (à moins qu'il ne s'agisse de Machiko Aoki) qui sombre peu à peu dans la folie a une ou deux scènes poignantes par exemple.
Maya Hiromi est plus dans un jeu physique, intense dans les scènes érotiques, plus encore dans celles de violence.
En somme, sur le moment, j'ai été sagement embarqué par ce film. Et avec le temps, il mûrit tout aussi sereinement. Avec le recul, il m'apparaît mieux bâti, plus pertinent et même plus beau. Ce n'est pas un film que je mettrais au panthéon des pinku-eigas, mais qui fait le job avec un talent certain.