Action ou vérité par Giallover
C’est bien connu : jouer à “Action ou vérité ?” est l’un des plus sûrs moyen pour bousiller une soirée. Toutes les vérités n’étant pas bonnes à entendre et certaines actions n’étant ni faites ni à faire, ce jeu présente une large propension à casser l’ambiance. Les personnages principaux, des étudiants fils et filles à papa, de ce direct-to-DVD ne diront pas le contraire. Alors qu’ils fêtent la fin de leur première année de fac, et que la soirée est bien avancée, ils se lancent dans une session de questions confessions et de défis stupides. Rapidement, cela vire à l’humiliation de l’un d’entre eux. Il y en a que ça fait marrer, d’autres que cela n’amuse pas du tout et, résultat : l’atmosphère est plombée d’un coup. Après une ellipse de plusieurs mois, on retrouve cinq de ces étudiants en route pour l’anniversaire de celui qui fut la cible de leurs moqueries ce soir-là. Aucun d’entre eux ne voit venir ce qu’aura immédiatement deviné le spectateur : ceci est un guet-apens. Les convives sont accueillis dans un cabanon, à l’écart d’un manoir, par le grand frère du souffre-douleur.
L’entrée en matière est assez classique, mais "Action ou vérité" se révèle moins prévisible que ce que l’on pouvait supposer. Une fois que le piège se referme sur les cinq étudiants, on n’assiste pas à un simple accomplissement d’un désir de vengeance. Tous ne sont pas logés à la même enseigne : quatre d’entre eux sont ligotés à des chaises, le cinquième reste libre de ses mouvements tant qu’il accepte de garder ses “amis” à l’oeil. Ce “déséquilibre” dans la hiérarchie entre le “psychopathe” et ses victimes, permet au scénario de s’extirper d’un traitement binaire et manichéen. Et s’il n’est pas question de cautionner les agissements du tortionnaire, les méprisants gosses de riches ne suscitent pas pour autant une profonde empathie. Survival teinté de torture porn, "Action ou vérité" est, en dépit de ses invraisemblances, une série B d’un niveau honnête, riche en rebondissements. Ce qui le fait sortir du lot est la manière dont, en filigrane, il traite d’homophobie (une question peu abordée dans le cinéma de genre). Ceci-dit, cette dimension, qui aurait mérité d’être creusée, passera peut-être au-dessus de la plupart des spectateurs.