Ayant été récompensé par deux BAFTA Awards (celle pour le meilleur scénario et également celle de la meilleure interprétation féminine), le long-métrage Tueurs de dames est une comédie britannique qui a tous les honneurs du monde pour faire partie des piliers cinématographiques du cinéma british. Parmi tous les films qui me font revenir dans mon enfance bien mouvementée et agitée, cette production fait partie de celles qui m’ont le plus fait rappelé le bon vieux temps, en particulier celui de mes séjours familiaux avec ma grand-mère. Gentille comme tout, toujours là pour se soucier de mon bien-être, toujours présente pour s’assurer que tout se passe bien, ma grand-mère était un ange gardien pour moi, même si elle en faisait beaucoup trop. Cette image de grand-mère dont je viens de faire l'éloge, je l’ai revue grâce à l'admirable interprétation de l'adorable actrice Katie Johnson, dans la peau d’une vieille dame tout à fait respectable.
Sensible, fragile, naïve, touchante, Katie Johnson dresse un portrait parfait d’une grande dame âgée vivant tranquillement ses derniers jours dans une agréable maison. Elle est d’une extrême gentillesse, elle fait face à cinq vilains malfrats abusant sans scrupules de son hospitalité et amuse la galerie avec ses perroquets, cela m’a d’ailleurs tout de suite fait penser à la femme qui se fait interroger par Tintin dans la BD L'oreille cassée, avec un perroquet ayant développé un certain vocabulaire bien élargi pour semer le désordre et la confusion. Aux côtés de Katie, nous avons affaire à une pléiade d’acteurs animant des odieux malfrats en toute perfection artistique, avec des gueules qui ne rassurent pas et blafards. J’aimerais bien employer le mot garnement mais ils sont un peu trop âgés pour l’être. Le suspense est au rendez-vous, je me suis bien amusé de voir comment ces malfaiteurs vont s’organiser pour tuer la grand-mère, sachant que l’émotion est un obstacle difficilement franchissable.
Au plan scénaristique, le réalisateur avait toutes les cartes en main pour sortir de ce long-métrage un suspense curieux et une ambiance macabre accrocheuse. Tous les coups sont permis pour bourrer ce long-métrage de scènes assez truculentes comme la scène tordante entre les fripouilles et les amies âgées de l’hôtesse, un vrai régal moral. Entre la grand-mère qui les a démasqués et qui attend sagement le lendemain pour dénoncer les voleurs à la police et les truands ne sachant pas quoi faire d’elle, c’est sûr que tous les ingrédients sont réunis pour nous concocter un spectacle inaccoutumé. De plus, le metteur en scène a a su tirer parti de ce qui fait la bonne image du cinéma britannique, à savoir une ambiance british bien placée, une apparence parodique de film noir, une écriture de scénario inventive, une vision de vaudeville modernisée et un savoir-faire exemplaire très bien appliqué. 8/10
Madame Wilberforce, je crains que vous n’ayez pas saisi toute la complexité de la situation. Laissez-moi donc vous l’expliquer madame et vous verrez que dans le cas qui nous occupe, il ne servirait à rien de rendre la somme volée, aussi étrange que cela vous paraisse. Ce butin n'est réclamé par personne.