Tueurs de dames est l'un des fleurons de la comédie d'humour noir britannique, appartenant à cet âge d'or où ce cinéma réalisait des chefs-d'oeuvre sarcastiques tel Noblesse oblige qui avait introduit le style en France. Dans les années 45-55, la comédie anglaise brillait d'un vif éclat, et ce film en marque hélas le déclin. Si l'ensemble a aujourd'hui un peu vieilli au niveau des moeurs, il est toujours agréable de savourer le charme ultra british de ce film où l'humour noir est vraiment délectable.
Le scénario fonctionne sur 2 idées : l'ignorance de Mme Wilberforce quant à la vraie personnalité de ses locataires, et le côté macabre dans la seconde partie plus enlevée et plus drôle que la première, qui voit l'élimination progressive des bandits. Avec ses airs naïfs, son extravagance, son allure de petite dame débonnaire, et ses perroquets, Katie Johnson vole littéralement la vedette à Alec Guinness et ses compères dans le rôle de cette vieille dame candide et très digne ; célébrité du théâtre anglais, c'est sa seule participation cinématographique pour laquelle elle recevra le prix de la meilleure actrice décerné par la British Film Academy.
Du côté des bandits, on reconnait Alec Guinness qui s'est fait une tête inquiétante, Peter Sellers et Herbert Lom qui se retrouveront tous deux bien plus tard dans la série des Panthère Rose. Je suis très content d'avoir revu cette petite perle d'humour anglais qu'il faut voir impérativement en VOST pour apprécier l'accent british, je la préfère largement au remake des frères Coen en 2004, même si c'est un bon film, mais ce ton et cette ambiance de vaudeville cynique a bien plus de charme et de mordant.